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Les Sirènes noires
Grand format
Inédit
Tout public
450 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-265-09930-2
Coll. "Fleuve noir. Thriller"
Mythes ancestraux et civilisation moderne
Jean-Marc Souvira est un policier qui a entre autres travaillé sur la prostitution, et qui est aujourd'hui au Maroc. C'est en se servant d'affaires ou de sujets dont il a eu connaissance, en se basant sur son travail de policier, qu'il a reconstitué une partie de son vécu à l'intérieur d'une fiction captivante.
Au départ, l'équipe parisienne qui travaille est plongée dans le quotidien le plus pénible : un tueur en série qu'elle vient d'arrêter a réussi à s'enfuir au milieu de la perquisition de son domicile. Il continue ses crimes tout en narguant la police. Pendant qu'ils cherchent à l'arrêter, les policiers doivent faire face à l'enquête interne qui vise à comprendre comment le tueur a pu leur filer entre les doigts. En parallèle, l'équipe est chargée d'enquêter sur un crime particulièrement mystérieux : les restes de deux corps (bien peu de choses en fait) ont été retrouvés dans un squatt. Pour le commissaire Mistral et son adjointe, Saint-Rose, nul doute que ce crime est lié au milieu de la magie noire - au double sens du terme : celle qui s'appuie sur des rites de possession et celle qui concerne le monde africain. Ce sera une enquête longue et pénible dans laquelle ils perdront des plumes et le peu d'illusions qui leur restait encore sur l'humanité. Surtout, en cherchant à découvrir la réalité, les policiers soulèveront bien des lièvres et perturberont la communauté africaine de Paris. Parmi celle-ci, des trafiquants et des proxénètes qui s'appuient eux aussi sur le rapport particulier des Africains à la sorcellerie pour augmenter leurs pouvoirs sur la communauté et sur les prostituées.
Le récit va donc suivre en alternance ces différentes intrigues qui parfois se croisent et s'entrecroisent, de manière très crédible. En fond, une touche plus personnelle est donnée avec la vie privée du commissaire Mistral qui tente de concilier un travail prenant qu'il apprécie et des "obligations" familiales de plus en plus "pesantes". Qui plus est, même, quelques silhouettes - un indicateur, une vieille prostituée blanche, un gardien de parking - sont esquissées et rendues humaines en quelques pages. Comme Jean-Marc Souvira a vécu cela de l'intérieur ou au travers de son travail, il reconstitue avec soin le quotidien d'un groupe de policiers autant qu'il sait rendre compte de la vie régulière d'un marchand d'esclaves. Ponctué de ce qui fait le sel de la vie, y compris les fausses pistes (par exemple, à un moment, l'un des criminels commet une erreur qui pourrait le faire arrêter de suite, mais les rouages de la vie font que cet élément ne sera pas repéré par les policiers et disparaîtra avant même qu'il soit analysé).
C'est cet aspect quasiment documentaire qui fait le sel du roman. S'appuyant sur des enquêtes classiques (le tueur en série), ou moins connues (le parcours d'une jeune fille qui veut être coiffeuse de son village dans la brousse aux trottoirs parisiens ou les crimes rituels et les meurtres d'albinos - source de magie pour certains africains), Les Sirènes noires est aussi une bonne description du quotidien des policiers, entre avancées fulgurantes, travail de fourmis pour recouper les informations et hasards positifs qui aident. Servi par une écriture qui évite de s'apitoyer pour raconter des destins, le roman déroule sa construction impeccable et très convaincante.
Citation
Le sorcier attira Margaret dans le cercle blanc et tourna autour d'elle sa coupelle en main, psalmodiant des phrases incompréhensibles. Le fait d'être seule avec le sorcier dans ce banal cercle tracé à la craie lui donnait l'impression d'être entourée de murailles.