Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit du suédois par Philippe Bouquet
Paris : Folio, septembre 2015
368 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-045902-5
Coll. "Policier", 777
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- 03/04 Édition: L'avis de Philippe Bouquet sur le roman de Fredrik Ekelund et la chronique d'Axelle Simon
La chronique d'Axelle Simon du roman de Fredrik Ekelund, Le Garçon dans le chêne, a attiré l'attention de Philippe Bouquet, son traducteur. Il ne partage pas l'avis de notre rédactrice, mais accepte la critique. Cela dit, son argumentation valait la peine que nous la relayions sur notre site. Et puis, avoir un contradicteur est affaire plaisante !
"J'ai pris connaissance de l'article sur Ekelund. Vous avez bien sûr le droit de ne pas trop aimer, sinon il n'y a pas de critique possible. je trouve pourtant que vous êtes injuste question nouveauté. Si j'ai recommandé cet auteur à Gaïa, c'est justement parce que j'ai trouvé qu'il osait aborder des sujets peu courants. Ici la difficile coexistence culturelle, dans le prochain à paraître chez Gaïa (Blueberry Hill) l'exclusion et un personnage qui annonce Anders Breivik quelques années à l'avance, ailleurs le scandale de l'amiante. Profiler la lutte des classes sur le polar (à une époque où cette notion est devenue une obscénité), voilà qui me paraît intéressant... Ce livre n'est pas parfait, nul ne l'est et le traducteur est encore plus conscient que quiconque des faiblesses du livre qu'il traduit. Mais il m'a semblé intéressant de la faire connaître en France. Et il est bien ancré dans son milieu, ce qui n'est déjà pas mal.
Bien à vous,
Philippe Bouquet"
Liens : Le Garçon dans le chêne |Fredrik Ekelund |Philippe Bouquet
Quelque chose est pourri au royaume de Suède
Beaucoup de choses dans la vie débutent par des choix, des choix qui parfois vont vous coller à la peau toute votre vie. C'est sans doute le cas pour cet homme qui a cru en une certaine justice sociale et qui s'est engagé dans les Brigades internationales. Revenu en Suède, il a un peu travaillé avant de se retrouver SDF dans le quartier de Blueberry Hill de Malmö au sein d'une petite enclave, un terrain vague, à quelques mètres d'importants opérations immobilières. Un soir, il est retrouvé mort dans l'incendie de son gourbi, mais peut-être était-il déjà mort avant... D'autres cependant ont fait des choix opposés comme ces trois jeunes gens qui, à force d'entendre un vieil universitaire ressasser la grandeur de la Suède éternelle, son alliance avec le Troisième Reich, forment une petite équipe de gros bras pour relancer l'idée d'un renouveau national. Pourtant l'un d'eux a des doutes, ne veut pas de la violence et du coup celle-ci se retournera contre lui. Son ami ira lui jusqu'au bout de ses choix, décidé même à engloutir ses maigres économies pour s'offrir un uniforme de la SS dans lequel il se pavane la nuit. A-t-il un rapport avec la mort du clochard ? Entre les deux, l'inspecteur Lindstrom ne peut effectuer de choix. Il est encore lié à sa femme et à ses enfants, mais a entamé une liaison amoureuse torride avec son adjointe Monica Gren. Il veut vivre avec la seconde mais ne peut pas quitter la première. Ce choix mine un peu sa vie et surtout ses réflexions.
Derrière l'enquête classique, le roman se scinde en deux parties. Plus centrée sur le milieu des SDF et d'une vie en marge, l'histoire bascule dans la deuxième moitié du côté du groupe des néo-nazis. La description du mentor, un universitaire qui voudrait déclencher l'apocalypse mais ne supporte pas d'être mal vu de ses voisins est un grand moment de lâcheté et d'humour. En arrière-plan, c'est la Suède qui est présentée entre ses "pulsions" racistes, ses laissés-pour-compte du modèle social. Juste à côté du squat des SDF, il y a un bel immeuble. À l'intérieur, les voisins se déchirent entre ceux qui aimeraient que les clochards quittent le coin car le prix de revente de leur appartement risque de s'effondrer et ceux qui vont leur offrir un petit quelque chose. Le microcosme qu'est la co-propriété est à l'image de la société : face à des minorités égoïstes ou altruistes agissantes, beaucoup d'indifférence ou de gens, comme l'inspecteur Lindström, qui ne savent pas quel choix ils doivent faire, s'en tenant au proverbe "Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras". Blueberry Hill est un roman en demi-teintes, zigzaguant entre une histoire policière classique et menée lentement, d'intéressantes descriptions de la société suédoise, des personnages bien campés et au final, une solution à l'énigme qui laisse un goût amer, car aucune solution n'est totalement satisfaisante. Quand on fait un choix, même celui de tuer quelqu'un, on a parfois de bonnes raisons...
Citation
Les rares bâtiments encore debout étaient totalement en ruine, les quais du chantier déserts, la grue se dressait tel un fantôme au-dessus de l'immense cale sèche - et les immeubles neufs étaient distants de 400 mètres au moins.