La Voie des morts

La fille Capdevielle me précéda dans le salon. Juste à côté, une télé en sourdine diffusait les informations locales. C'est une habitude que j'ai souvent remarqué, dans les maisons frappées par un deuil, de laisser un appareil allumé en permanence. Cette présence dérisoire meublait une partie du silence.
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Roman - Policier

La Voie des morts

Politique - Tueur en série - Faits divers MAJ vendredi 08 janvier 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Neely Tucker
The Ways of The Dead - 2014
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Alexandra Maillard
Paris : Gallimard, novembre 2015
338 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-014556-0
Coll. "Série noire"

Gros titre à la Une

Sully Carter, le personnage central de ce premier roman de Neely Tucker, est journaliste à Washington, comme l'est son auteur. Confronté à une enquête difficile qui l'oppose à la police et à la justice, le journaliste se démène entre ses problèmes de boisson, ses relations amoureuses compliquées et surtout les difficultés de son métier. Cette partie, sans doute la plus autobiographique, montre bien le système complexe d'un journal : besoin de recouper les informations, besoin d'obtenir par plusieurs sources la confirmation des ragots transmis, relecture attentive par les avocats pour éviter tout procès, utilisation de ruses diverses et de magnétophones pour ne pas être accusé de transcrire ce qui n'aurait pas été dit. De plus, le roman montre combien les journalistes peuvent être tributaires de leurs informateurs et n'hésitent pas à jouer un jeu trouble afin d 'obtenir les meilleurs scoops. Ainsi Sully Carter utilise-t-il une moto, plus pratique pour se déplacer dans une ville engorgée, en oubliant les règles du code de la route avant de s'acoquiner avec des truands qui pourraient lui fournir des renseignements tout en bichonnant ses sources à coups d'invitations au restaurant ou de petits billets verts.
Tout commence avec un fait divers horrible. Sarah Reese, une jeune fille de treize ans a été égorgée puis retrouvée entre des poubelles derrière un magasin dans le quartier noir de la ville de Washington. Problème majeur : c'est une jeune fille blanche qui sortait de son cours de danse, qui plus est fille d'un juge influent de la ville, l'un des futurs membres de la Cour suprême. Aussitôt, toutes les forces de police commencent à se concentrer et à s'activer dans le quartier. Sly, l'un des parrains noirs de la pègre locale et collaborateur occasionnel de Sully Carter s'énerve de cette situation. D'autant plus que des adolescents noirs sont pojntés du doigt comme coupables. Toute cette agitation perturbe le commerce. Le journaliste découvre en même temps que cette jeune fille n'est peut-être pas la première victime de son prédateur, mais qu'il pourrait y avoir un tueur en série qui sévit dans le quartier. Son instinct de journaliste lui fait miroiter qu'il y là a un bel article en perspective. Lorsque ses informations se fontt de plus en plus précises et qu'il apprend que le juge en question venait de temps en temps dans le coin non pas pour chercher sa fille mais pour rencontrer une autre des victimes du tueur en série, Sully Carter se frotte les mains...
Le récit est construit de manière très classique avec une enquête autour d'un tueur en série et de ses crimes masqués. Une suite d'entretiens, de vérifications, alternent avec une description fine du travail de journaliste. Toutefois, le récit procurera quelques retournements de situation qui montrent que nous sommes quand même dans la capitale politique des États-Unis, un lieu où complots, manigances et chausse-trappes sont monnaie courante. Ce sont ces revirements et les descriptions très réalistes du roman qui en font une lecture très intéressante. Un deuxième roman vient d'être publié aux États-Unis. On attend donc la suite de ces enquêtes journalistiques !

Citation

On passait son temps à insister, négocier, poser des questions, fourrer son nez dans les affaires des gens, se prendre la merde, les insultes, se battre contre la dépression, et le désespoir, jusqu'à ce que quelqu'un finisse par parler.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 08 janvier 2016
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