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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du suédois par Caroline Berg
Paris : Albin Michel, septembre 2015
458 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-226-31817-6
Une piste qui ne mène pas bien loin
Nous prenons d'abord des nouvelles, à l'automne 2003, de Rebecka Martinsson, qui se remet difficilement d'un grave traumatisme suivi d'une dépression, suite à l'enquête précédente, et qui accepte un poste de procureur adjoint. L'action, elle, débute en mars 2005 avec la découverte par Leif Pudas, dans une cabane de pêche sur glace, du cadavre d'une femme, brûlée à la cheville et la langue déchiquetée. Elle est identifiée comme étant Inna Wattrang, juriste au service de la société Kallis Mining, propriété de Mauri Kallis, homme parti de rien et maintenant requin de la finance internationale. Inna a en fait été électrocutée avant d'être poignardée. À partir de ce moment, le roman se consacre à l'histoire personnelle des divers protagonistes, celle de Rebecka elle-même dans ses rapports avec Måns Wenngren, son ancien patron, mais aussi celle d'Ester, la demi-sœur de Mauri (métis indienne élevée en Laponie !) dotée de pouvoirs particuliers de voyance et de talents pour la peinture, etc. La formule, héritée de Maj Sjöwall-Per Wahlöö, tourne maintenant au procédé, car elle nécessite un certain doigté, et c'est une autre preuve de la "banalisation" du roman policier. Comme il faut bien que l'auteur s'intéresse un peu à l'enquête, quand même, il est question d'un imperméable taché de sang retrouvé dans l'eau et dont le propriétaire s'avère être un étranger du nom de John McNamara – mais comme il est mort depuis un an, c'est en fait un agent de sécurité nommé Morgan Douglas qui a usurpé son identité –, un plan de coup d'État en Ouganda (mondialisation oblige), des intrigues financières autour de Kallis Mining... On apprend qu'Inna possédait un portable privé en plus de celui de fonction, qu'elle collectionnait les amants, que Diddi (son frère) en pinçait pour elle, qu'elle a touché deux cent mille couronnes peu avant sa mort, qu'elle savait que Diddi avait détourné de l'argent de la société...
La recette est toujours la même : fractionner les chapitres et le récit, brouiller la chronologie, accumuler les points de vue, multiplier les considérations n'ayant rien à voir avec l'enquête... Mais si, dans Horreur boréale (titre à la mode de la "Série Noire" de papa, dont l'auteur n'est nullement responsable), on pouvait s'intéresser à la peinture des milieux piétistes de Laponie, il n'en est pas de même ici avec la finance internationale et la géopolitique. Quant aux dizaines de pages consacrées à la passion picturale d'Ester, elles seraient plus à leur place dans un autre roman. De même que celles consacrées à la nature de la Laponie. Tout ce temps et cette énergie auraient été mieux employés à travailler l'intrigue, car le dénouement n'est pas de ceux qui remporteront la palme de l'originalité (et Rebecka n'y est pour rien, trop occupée qu'elle est à une autre poursuite). Alors l'auteur en remet dans la violence et le sensationnel. Voilà ce dont est capable "l'une des plus brillantes étoiles du firmament nordique" (dixit la quatrième de couverture).
Citation
Si je devais choisir entre les chevaux et les humains, songea Ebba Kallis, je n'hésiterai pas une seconde.