Contenu
Affaire Landru - le récit du procès en images
Grand format
Inédit
Tout public
128 p. ; illustrations en couleur ; 15 x 21 cm
ISBN 978-2-919229-28-4
Trapue mais costaude : la cuisinière cachait son jeu
Voilà un petit livre original, percutant et plein de talent à verser dans la riche bibliographie de notre serial killer numéro un. Henri-Désiré Landru surnommé "le nouveau Barbe bleue" (Gilles de Rais étant l'ancien) fut toujours un escroc. Avant son heure de gloire, il avait déjà été condamné sept fois à un total de près de dix années de prison. Profitant de la sinistre période de la Première Guerre mondiale, il se lance dans l'escroquerie aux femmes esseulées, souvent des veuves, en publiant des petites annonces matrimoniales sous divers pseudonymes. Bon père de famille, il mène sa double vie, piégeant ses proies pour s'emparer de leurs biens...
L'auteur du présent ouvrage, Charles Borrett, a créé Mazeto Square sa petite maison d'édition et de production. Ses cibles ? Des textes d'auteurs prestigieux tombés dans le domaine public. Ici cependant, ce sont les photographies. Elles ont été retouchées et nettoyées "à partir de fichiers bruts" et, "dans un soucis de respect de l'héritage universel" sont mises librement à la disposition de tous par téléchargement sur le site de l'éditeur. Cet ouvrage à l'étonnant format à l'italienne, permet ainsi d'inscrire le texte face à une photo pleine page. C'est Charles Borrett qui s'est attelé au texte, une scrupuleuse compilation des compte-rendus de presse du procès de Landru qui se déroula à partir du 7 novembre 1921. Voilà un très agréable travail facile à lire où l'auteur a su condenser les faits tout en pointant les détails importants ainsi que les axes forts de la défense et de l'accusation. Réunies dans cet ensemble, les photographies acquièrent un véritable sens, faisant de cet ouvrage un reportage au cœur du tribunal.
On retrouvera donc les épisodes fameux du procès que l'accusé marqua par sa concentration, ses mots d'esprit, ses prises de notes et surtout ses protestations d'innocence. Pour lui, les onze victimes qui lui étaient attribuées (dix femmes et le fils de dix-sept ans de l'une d'elles) avaient choisi de disparaître volontairement à l'étranger en lui donnant meubles, vêtements, petit pécule, voire postiche et dentier ! Les seuls cadavres découverts furent les chiens de l'une d'elles, enterrés dans le jardin de la villa louée à Gambais. Aussi, les paroles des experts légistes sont-elles au cœur du procès. La fameuse cuisinière de Landru pouvait-elle brûler tant de cadavres ? On la voit en vedette page 109, petite mais dressée fièrement sur une table, entourée d'enchérisseurs en folie lors de la vente publique des pièces à conviction du procès. Ce cube trapu à peine plus grand qu'une cuvette de toilettes devait avoir un fantastique tirage ! Si les pieds et les mains brûlent facilement, le célèbre docteur Paul précise qu'il "n'est pas de même pour le tronc, le thorax et les intestins. C'est là que les criminels perdent du temps et... souvent la tête. On brûle des pieds en cinquante minutes, une tête vidée de son cerveau en trente-huit minutes. Mais un crâne entier avec le cerveau ou les yeux, les cheveux et la langue exigent une heure quarante pour une combustion complète." Après des expériences et des calculs dignes de l'opération "la main à la pâte" pour CM2, les experts brûlent une tête de mouton puis un gigot et, par extrapolation, établissent "qu'en vingt-quatre heures, il avait été possible de brûler cinquante kilos de chair et d'os".
En dehors du fascinant récit des témoignages des experts, Charles Borrett met aussi le doigt sur l'incroyable argument juridique mis en avant par le talentueux avocat de Landru, Maître de Moro-Giafferi. D'après le Code civil, "pour qu'une personne disparue soit considérée comme décédée, il faut au minimum quatre ans pour que les héritiers obtiennent la possession provisoire des biens, et il faut trente ans pour que cette possession devienne définitive", et l'avocat de demander aux jurés comment ils peuvent condamner Landru pour meurtre, "alors que le Code civil considère ces femmes comme vivantes ?"
Un document passionnant.
Illustration intérieure
Citation
Petit à petit, l'avocat glisse subrepticement vers une autre thèse : le trafic d'êtres humains.