Enclave

Tout ce qu'on peut faire, c'est trimer comme tous les autres. Comme le type qui fait le coiffeur pour chien et le type qui balaie le crottin de cheval. On déteste son boulot. On se déteste. Et on espère.
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samedi 23 novembre

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Roman - Noir

Enclave

Social MAJ dimanche 25 octobre 2009

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Philippe Carrese
Paris : Plon, août 2009
314 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-259-20975-5

Actualités

Une pensée carrésienne

L'histoire débute en janvier 1945 dans un camp de travailleurs en Slovaquie. Les Allemands fuient les Russes laissant les détenus de Medved' seuls et désarçonnés. Le camp est isolé du reste du monde par un pont qui a été miné. Au début, les détenus ont bien des velléités de fuite. Certains meurent en posant le pied sur une mine. D'autres en mangeant tout ce qu'ils trouvent après des années de privation. Peu à peu, les détenus s'approprient le camp. Il faut un décideur, un leader. Justement, il y en a un qui est prêt à relever le défi. La vie du camp s'harmonise. L'osmose entre les hommes et les femmes se crée. Au milieu, Mathias, sur son cahier, raconte. Il est la mémoire du camp.
Quand est-ce que tout dérape ? Peut-être à partir du moment où l'on se met à se dire que l'on va retrouver sa vie d'avant. Le leader arme ses partisans. Édicte des lois. Devient ce qu'il a haï au cours des dernières années. Il n'hésite pas à faire tuer quiconque se dresse sur son chemin. Il fait régner la peur : "Les Allemands vont revenir !". S'il ne trompe personne, aucun n'ose le contredire. Pourtant, Mathias en est sûr : il y a longtemps que la guerre est finie. Seulement, personne n'a pensé à cette enclave...
Comme le stipule l'éditeur sur la quatrième de couverture (sic !), Enclave est le premier roman de littérature générale de Philippe Carrese. Bizarrement, il a aussi été dans la première sélection du prix Médicis. Pourtant, ceux qui connaissent l'œuvre de Philippe Carrese ont déjà eu l'occasion de côtoyer sa plume déliée, son sens prononcé du langage. Certes, ses précédents romans étaient un savant mélange de noir et d'humour (noir). Ici, le style est plus épuré. La langue, celle du Sud, est évidemment totalement absente. Celle utilisée est plus universelle. Car le message l'est, lui, universel. Ce fameux engrenage sartrien. L'on chasse un despote pour mieux se jeter dans les pieds d'un autre. L'Histoire est ainsi faite. La soumission est universelle. Il y a les faibles. En nombre. Les forts. Une poignée. L'on pourrait croire le thème éculé - après tout cette histoire du chat qui part et des souris qui prennent le pouvoir c'est un peu aussi celle de La Ferme des animaux, d'Orwell. Mais il se dégage de l'écriture de Philippe Carrese ce petit quelque chose de naïf. Ce truc qui fait qu'on déchire tout ce qui a déjà été écrit pour reprendre sur une page propre, immaculée et lisse les mêmes idées comme si elles n'avaient jamais été énoncées. Et c'est là qu'est sa force. Enclave est le drame universel qui nous plonge au plus profond de nous. Il n'est pas dans la deuxième sélection du Médicis et il faut bien avouer que l'on s'en moque.

Citation

La porte du Palais nous terrorisait. Chacun redoutait qu'elle ne s'ouvre car, lorsque Krebs sortait de son antre, c'était signe d'un malheur immédiat. S'il souriait, une tragédie s'annonçait pour l'un d'entre nous.

Rédacteur: Julien Védrenne jeudi 24 septembre 2009
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