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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Florianne Vidal
Paris : Le Cherche midi, février 2016
442 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7491-4406-1
Trahison feutrée
"Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge !" aurait dit Voltaire à son époque. Depuis, cette phrase a maintes fois été reprise et déformées par de nombreux hommes politiques. C'est peut-être à cette citation que pensait Paula Daly lorsqu'elle a commencé l'écriture de son deuxième roman. Tout pourrait pourtant commencer calmement : un couple qui s'aime, deux filles qui grandissent, une amie, Eve, grande psychologue, qui vient passer quelques jours de vacances dans leur hôtel. Mais, bien évidemment, tout va se déglinguer car le couple est au bout du rouleau, usé par le quotidien, et l'une des jeunes filles a une crise d'appendicite. La mère, Natty, passe ses journées à l'hôpital et, lorsqu'elle revient à la maison, elle découvre que son mari en a profité pour changer : finalement il va divorcer et épouser Eve ! C'est alors que, quelques heures plus tard, sous le coup de l'énervement, Natty provoque un accident de voiture avec la nouvelle compagne de son mari. Blessé, Eve porte plainte...
Le roman de Paula Daly se déroule sous deux angles. C'est, tout d'abord, la rapide chute de Natty et la façon dont elle s'enferre dans la violence pour s'en sortir. Ensuite, c'est une plongée dans le passé des deux femmes, un passé plus complexe que le début de l'intrigue ne le laisse penser. Même si les caractères sont manichéens, même si surtout Paula Daly ne s'engage pas dans un suspense haletant où le lecteur pourrait hésiter entre les deux femmes, mais se contente de présenter des caractères bien trempés, où les responsabilités sont clairement définies. Eve est ainsi présentée comme une grande manipulatrice (ce n'est sans doute pas un hasard si elle porte ce prénom précis) et le roman aurait gagné en situant son personnage dans une zone plus claire-obscure, mais Paula Daly sait maintenir la dramatique de son intrigue en développant lentement des révélations sur ses personnages. Autre qualité, l'auteur sait développer Natty en la présentant comme une victime, certes, mais capable de violence et d'erreurs qui la rendent antipathiques. Les seconds rôles (le père de Natty, sa garde-malade, la mère du mari, la policière chargée de l'enquête sur les différents événements violents qui ponctuent le roman) sont dessinés avec soin pour nous offrir un roman qui aurait sans doute ravi quelqu'un comme Claude Chabrol, avec ces univers feutrés qui éclatent lorsque les conventions sociales s'effacent.
Citation
Natty, tu as blessé une femme en emboutissant son véhicule, cet après-midi. Tu as fait cela alors que tu as déjà un casier judiciaire... Alors, à ton avis, lequel de nous deux est le mieux placé pour donner des leçons ?