Contenu
Cognac. 1, La Part des démons
Grand format
Tout public
Paris : Delcourt, janvier 2016
48 p. ; illustrations en couleur ; 30 x 23 cm
ISBN 978-2-7560-5214-4
Coll. "Machination"
Œnotourisme sanglant
La photographe de guerre Anna-Fanély Simon, après avoir longtemps travaillé en Irak, au Rwanda et au Liban, compte bien se ressourcer en Charentes, sa région natale, tout en s'acquittant d'une commande pour le National Geographic avec pour toile de fond l'élaboration et le commerce du cognac. Elle ne se doute pas que de retour sur son terrain d'enfance elle va devoir faire avec les fantômes du passé - incarnés par Sylvain et Xavier -, et la mort d'Alice, sa meilleure amie d'antan, tuée par son mari, négociant en cognac, avant que lui-même ne se pende le soir de Noël. La police a classé l'affaire, mais au cours de ses investigations journalistiques, elle croise le chemin d'un ancien distillateur exclusif pour la maison Hennessy qui ne tarde pas à lui faire part de ses soupçons. Tout du long de ce 48-pages, le lecteur suit cette randonnée œnologique, touristique et meurtrière avec curiosité. Le scénario d'Éric Corbeyran et Jean-Charles Chapuzet distille les données viticoles avec pédagogie. Il est question évidemment de la distillation du vin en eau-de-vie, mais aussi des différents crus, des assemblages et des mentions. Cette bande dessinée cause avant tout de fûts de chêne et de savoir-faire. Mais nous sommes dans la collection "Machination" de Delcourt et il faut bien qu'il y ait enquête et complot (ici rural par le biais du truchement, du crime déguisé en meurtre passionnel et suicide). Inutile de dire que Anna-"Quelque chose" Simon ne tarde pas à débusquer des indices et à trouver un suspect potentiel, du moins un témoin de là aussi quelque chose en la personne du frère aviné de Simon. Las pour le lecteur, ce n'est que le premier volet de cette enquête sous forme d'une trilogie, et il se termine par un rebondissement dans tous les sens du terme. Il n'empêche qu'au scénario très agréable et bien ciselé, s'impose un dessin réaliste avec ce petit plus qui le distingue des bandes dessinées génériques. Luc Brahy sait parfaitement donner des couleurs à ses paysages. Il excelle à nous immerger dans le cognac et dans l'intimité des taiseux. Le souci du détail l'habite notamment lorsqu'il est question d'un vieux bar de village ou d'un restaurant. C'est sobre et joliment réalisé. La Part des démons n'attend plus que celle des anges...
Citation
Vous vous trompez d'adversaire, Sylvain... Les méchants ce sont ceux qui tuent des gens, pas ceux qui pratiquent l'ironie.