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Grand format
Inédit
Tout public
96 p. ; illustrations en couleur ; 28 x 21 cm
ISBN 978-2-36535-126-3
Bande décimée
Santiago est un brigand de la pire espèce qui arpente la Californie à la tête de sa bande composée de trois desperados aux tristes mines - deux gringos dont un qui vient du Texas et un Mexicain, ça a son importance. Nous sommes à la fin du XIXe siècle et la loi du plus fortement armée règne ou presque. Parce qu'il y a dans ces étendues quelques Commanches et aussi la cavalerie. Sans compter Tiburcio Vasquez et ses acolytes encore plus méchants que ceux de Santiago. Mais les situations incongrues fleurissent tout du long de leurs aventures, et ce qui aurait pu être une troupe d'affreux, sales et méchants s'avère être en fait une troupe d'affreux, sales et qui auraient bien aimé être méchants s'ils n'étaient débonnaires, pleutres et maladroits.
La galerie de personnages diablement archétypaux imaginée par B-Gnet est jouissive dans cette parodie d'Ouest sauvage avec des scénettes qui se suivent et s'additionnent pour tomber dans une démesure bienvenue. Ainsi, les Commanches finissent par cesser de poursuivre les bandits (qui les flinguent à tout va), non parce qu'ils comprennent qu'ils ne les vaincront pas, mais parce que le chef finit par admettre que ces bandits n'achèteront pas de couvertures indiennes ! Ces mêmes Commanches finiront également par lever un siège parce qu'ils s'ennuient... Et puis ces hommes pas si antipathiques vont là où le vent les porte, et le moins que l'on puisse dire est que le vent tourbillonne. Ainsi, on les retrouve à dévaliser une banque ruinée où le banquier survit en vendant des omelettes, et puis ils arrivent après une autre bande pour dévaliser la diligence et se retrouvent avec un autre compagnon, Chico, qui se révèlera ensuite être une femme dont tout le monde (forcément) va tomber amoureux et qui elle aime un Santiago qui préfère l'amour tarifé parce qu'il ne sait pas faire autrement. Pablo, celui qui a perdu quelque part son arme au début de la bande dessinée va finir par voler un cheval de l'armée qui le mènera tout droit à la potence à moins que... (Les péripéties qui suivront valent leur poids de cacahuètes.) Enfin, il y aura des échanges de coups de feu lors de duels épiques, mais à l'honorabilité très douteuse. Des balles seront tirées, des blessés et des morts tomberont, et la médecine indienne ou la chirurgie de l'armée américaine montreront leurs limites.
Santiago est à la fois une parodie et un pastiche astucieux du genre qui mêle beaucoup de références (pas seulement westerns) avec bonhommie. L'ensemble du scénario plonge évidemment aléatoirement dans l'humour grossier, léger, noir et sarcastique avec délectation. Mais la grande force de B-Gnet réside dans le choix de ses dessins pour illustrer des situations loufoques et au verbe incisif. On se croirait dans un véritable western sombre. C'est joliment fait, ça détonne et, au final, on se dit que l'on aimerait bien les revoir en action sauf que... la bande a décidé de se ranger (mais un petit garçon veille sur leur funeste destinée...).
Illustration intérieure
Citation
Enfin, je te retrouve, ordure ! Voilà des jours que je te piste... Sans pouvoir changer de vêtements et sans un repas décent.