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Zack
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du suédois par Frédéric Fourreau
Paris : Gallimard, janvier 2016
448 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-014585-0
Coll. "Série noire"
L'homme est un loup pour l'homme et surtout... pour la femme !
Quatre Thaïlandaises travaillant comme masseuses à Stockholm (et dont les passeports sont faux) sont retrouvées massacrées de façon perverse. L'une d'elles a seulement le temps d'envoyer un SMS appelant à l'aide. Mais la suite des événements prouve que l'on n'en est encore qu'au début du déchainement de violence meurtrière et de tortures. L'Unité spéciale d'une demi-douzaine de personnes menant l'enquête compte dans ses rangs (outre un aveugle !) l'inspecteur Zackarias Herry (Zack pour les intimes), vingt-sept ans, dont nous faisons la connaissance. Sa mère, elle-même policière, a été assassinée alors qu'il était enfant et il fréquente Mera, riche héritière et pourtant femme indépendante et de caractère. Il a pour ami Abdula, copain d'enfance avec qui il a jadis fait diverses frasques et dont il se sert pour obtenir de la drogue et des informations sur le milieu de la délinquance. L'enquête nous conduit aux confins de la prostitution, de la haine raciale, des gangs de motards servant d'entremetteurs et recruteurs multicartes, de la mafia turque et des Loups Gris, sur un rythme qui ne laisse pas le lecteur en repos et ce ne sont pas les hypothèses, ni les pistes qui manquent, tandis que les cadavres s'accumulent. Le dénouement aurait sans doute gagné à être moins fébrile et prolongé, mais nul n'est parfait.
L'écriture est nerveuse, efficace, le récit va droit au but sans fioritures, le livre "respire" bien, les personnages y sont bien motivés et leurs pensées le scandent sans être caricaturales de débilité, ni de vulgarité comme chez Leif GW Persson. La description de la collaboration policière est digne de Maj Sjöwall-Per Wahlöö, ce qui n'est pas peu dire, la cruauté et le caractère immonde des trafics sont extrêmes mais ne sortent pas, hélas, des limites du vraisemblable, ni même du véridique, et telle réflexion sur la relativité de la pauvreté, d'un pays à l'autre, témoigne d'une réflexion qui ne se satisfait pas des schémas de pensée. Les débordements de Zack en matière de sexe et de stupéfiants n'étaient peut-être pas indispensables, mais l'histoire d'Ester fait discrètement écho à sa jeunesse dans le passé et à celle d'autres enfants dans l'avenir. La nocivité des réseaux dits "sociaux", de la presse à sensation, du Darknet et des formes de communication "directe" et immédiate de façon générale s'appuie sur une description convaincante de la pyramide de l'oppression et de la gangrène d'une société obsédée par le profit à tout prix et comme seul et unique but. Sans compter les cartes de téléphone prépayées, l'un des meilleurs auxiliaires du crime. Que peut faire la police, alors, face aux mille et une échappatoires que la technique moderne et la protection de la loi offrent aux criminels ? Renoncer ou adopter, parfois, une conduite et des méthodes s'écartant de la bonne pratique ? Mons Kallentoft a tiré les leçons de La 5e saison et des Anges aquatiques, et profité d'une collaboration pour se rénover en restant fidèle à lui-même et à une thématique basée sur les racines du Mal. Son livre n'hésite pas à soulever les lièvres les plus inopportuns et à poser les bonnes questions. On ne peut donc qu'en recommander la lecture, et attendre les futurs volumes de la série avec intérêt, à une réserve près, toutefois : âmes sensibles s'abstenir, au risque de partager les affreux cauchemars de Zack.
Citation
Il a l'impression que, plus le temps passe, moins ils en savent.