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Aux grands jumeaux...
C'est par caprice qu'Estelle est allée se faire pharmacienne à Val-plaisir, cette station des Vosges au nom si évocateur. Elle ne s'attendait pas à y trouver cette famille qu'elle recherchait en la présence du beau Jérémy, le patron du bowling, et bientôt de sa fille Lilas. Sauf que débarque la belle Nadia, la sœur jumelle de Jérémy, qui s'avère vite méprisante — et dont les rapports avec son frère sont ambigus. Or les incidents se multiplient, visant tant Estelle que sa fille. Nadia est-elle possessive jusqu'à la folie, incapable de partager son alter ego avec qui que ce soit ? Ou bien est-ce l'influence du passé trouble d'Estelle ? Qui sera la victime, qui sera la louve ?
On avait goûté les précédents romans d'Élisa Vix, Le Massacre des faux-bourdons et surtout L'Hexamètre de Quintilien, témoignant d'une auteur qui n'hésitait pas à se renouveler. Avec ce nouveau roman, on aborde les eaux très balisées du suspense domestique, forme tant littéraire que cinématographique (Liaison fatale et ses innombrables ersatz) où un élément extérieur vient perturber la quiétude d'une bonne petite famille propre sur elle, la seule variation étant qu'aujourd'hui, le but n'est plus la reconstitution de la cellule familiale, mais l'éradication du père, aussi parfait fut-il en apparence, mais qui est forcément coupable des pires turpitudes comme le sont tous ces gens-là. Du coup, ce roman au vague goût des années 1970 - on pense à un bon "Spécial-Police" d'antan - suit une trame relativement classique, comme s'il s'agissait d'un appel du pied aux téléastes qui ont déjà adapté l'auteur... À partir du moment où des éléments du passé de la narratrice permettent de remettre en question son point de vue (avec les quelques légères facilités qui en découlent), l'intrigue n'a guère qu'un nombre limité de directions à prendre. Cela dit, la science de narration permet de faire passer la pilule, en plus de la relative brièveté du roman qui, en cent quatre-vingts pages, n'étire pas son propos et donc ne s'essouffle pas en cours de route. De plus, Élisa Vix nous évite une conclusion rassurante et bien tranchée histoire que la morale ne soit sauve. On pourrait même y voir une critique implicite de ce genre où les protagonistes sortent de leur aventure aussi pures et virginales qu'elles y sont rentrées, fortes de tous les droits que donne le statut de mère. Du coup, certains points restent en suspens, mais c'est la rançon du genre ! On peut y voir un exercice de style pour l'auteur, mais un exercice de style qui, en tant que variation sur thème imposé, vaut bien des best-sellers interminables et clichés tentant désespérément de faire trembler Margot. Ben oui, lorsqu'on choisit un chemin aussi balisé, il y a une petite chose qui fait la différence. Il paraît que ça s'appelle le talent...
Citation
Jérémy me fit une cour assidue pendant un mois au bout duquel je dus me rendre à l'évidence : le plus beau garçon de la station s'était entiché de moi, Estelle, vingt et un ans, la fille la plus insignifiante de la planète.