In Cloud We Trust

- Pourquoi vous ne me croyez pas ? - C'est trop simple pour une Russe, trop malin et trop honnête.
Josef von Sternberg - Jet Pilot
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Thriller

In Cloud We Trust

Social - Scientifique - Apocalyptique MAJ mercredi 23 mars 2016

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Frédéric Delmeulle
Saint-Laurent-d'Oingt : Mnémos, mars 2015
270 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-35408-297-0
Coll. "Thriller"

Virtuelle apocalypse

En un futur proche, les progrès de la réalité virtuelle permettent de créer de gigantesques parc d'attractions où les joueurs oublient leur quotidien. Jusqu'au jour où les joueurs commencent à disparaître... Pour de bon ? Pourtant, le journal d'une aliénée et la découverte d'un cadavre bicentenaire muni d'une puce dernier cri donnent une piste : et si tous ces gens, car l'épidémie ne cesse de s'étendre, remontaient tout simplement le temps ? Cette théorie, loin de discréditer les parcs d'attractions, augmente crucialement leur affluence. Ceux qui espèrent tenter leur chance dans un autre monde sont en effet de plus en plus nombreux. Et si la fin de l'humanité était programmée ? Mais par qui ?
Drôle de destin que celui du genre science-fiction, en déclin constant dans les collections qui lui sont directement consacrées (sauf en jeunesse) pour fleurir là où il ne porte pas cette étiquette (voir l'excellent Les Brillants, de Marcus Sakey à la "Série Noire"). D'où le refus du mot en "S" pour ce texte, pourtant chez un éditeur étiqueté imaginaire ? Car il s'agit bien de science-fiction prospective pure, repoussant les travaux de Christopher Priest et Jean-Marc Ligny sur le sujet pour l'adapter à notre époque préparée à une apocalypse (au sens premier de grand bouleversement) qui tarde à venir. La métahistoire est ici assez fascinante et donne à l'auteur, Frédéric Delmeulle, qui ne se gêne pas à brocarder notre époque auto-crétinisée et béate (donner la voix à une des anonymes fabriquant en camp de travail les gadgets d'un Occident repu prend une résonance troublante), prenant le rôle de satiriste au sens originel du terme. Et que dire de la conclusion, logique et inattendue, préférant la petite musique entêtante aux grandes orgues ? Un fonds passionnant donc et une approche courageuse, mais la forme peine un peu : il faut s'accrocher au cours de ce texte choral mêlant parfois des bribes de journaux anciens, des rapports et de nombreux personnages suivant une forme bien actuelle de décrire une situation par bribes (on pense à l'œuvre d'Aliette de Bodard), et le tout est parfois un peu austère. Résultat, ce premier roman ambitieux ne livrera ses secrets qu'à ceux qui en font l'effort — mais il le mérite amplement. Mais si vous cherchez "quelque chose de pas prise de tête à lire dans le métro", passez votre chemin !

Citation

La RealiSim, c'est en somme le visage moderne du divertissement pascalien, le dernier artifice qu'a imaginé le siècle pour nous faire oublier notre condition. Si l'on estime peu raisonnable de passer tout le jour dans un univers qui n'existe pas, c'est que l'on ne connaît guère la nature humaine, dirait aujourd'hui le philosophe. Les métavers ne nous garantissent pas de la mort et de la misère, ils nous dispensent d'avoir à y penser, l'espace de quelques heures. En cela, ils fournissent à une poignée de firmes transnationales leur légitime raison d'être : nous vendre du rien.

Rédacteur: Thomas Bauduret mardi 22 mars 2016
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page