Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Alice Delarbre
Paris : Pocket, octobre 2015
476 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-266-26017-6
Coll. "Thriller", 16399
Il faut noyer le phoque
Bien connue des lecteurs de romans policiers de facture classique, Elizabeth George s'est tourné récemment vers une nouvelle forme d'écriture (ou de niche commerciale) à destination des jeunes adultes. Développés avec "Harry Potter", "Twilight" ou "Labyrinthe", ces livres mettent en scène des adolescents confrontés au monde des adultes et à leurs propres démons intérieurs. Elizabeth Georgee s'est donc lancé dans une série qui met en vedette une jeune fille qui vit sous le nom de Becca sur une île au large des côtes américaines. Car, évidemment, comme les adolescents sont différents, Becca a un don : elle est capable de lire dans les pensées de façon fragmentaire et incohérente, ce qui ne lui sert que moyennement pour réussir aux examens ! Elle vit dans une cabane et a quelques amis, car elle doit se cacher. En effet, sur le continent, elle a percé les secrets de son beau-père et doit se terrer car il risque de la tuer.Sur ce, dans l'île, débarque une biologiste qui cherche un sujet pour sa thèse et pense que le phoque qui vient régulièrement sur l'ile pourrait être un bon exemple. En effet, c'est un animal qui des particularités biologiques et génétiques propres à assurer son diplôme. Elle engage Jenn, une autre lycéenne, rivale de Becca, pour effectuer des sorties en plongée et découvrir le secret de Nera, le surnom donné à cette femelle phoque devenue au fil des ans une attraction touristique. Comme le phoque est aussi l'objet d'enjeux économiques, les habitants sont partagés sur l'attitude à avoir : faut-il laisser Nera tranquille ou au contraire la protéger des actions des touristes et autres biologistes ? Certains sont même extrêmement virulents car ils veulent chasser la scientifique ou à l'inverse, tirer sur le phoque pour le faire disparaître. En essayant d'en savoir plus, Beccca soulève également quelques lièvres et secrets de famille chez les habitants : pourquoi telle jeune femme possède-t-elle des vêtements d'enfants alors qu'elle n'a pas d'enfant ? Pourquoi un pécheur veut-il à la fois que l'on découvre l'épave de son bateau et, en même temps, empêcher que l'on s'en approche ? Becca essaie de continuer sa scolarité et elle est confrontée à toutes les "angoisses" des adolescents - devoirs à rendre, oraux stressants, amours débutantes avec des questions existentielles sur la sexualité, ce qui est permis ou non.
Tout cela fait de L'Île de Nera un roman assez soporifique. Les quelques moments d'action, autour d'une intrigue moins que palpitante (le lien entre un phoque et une marée noire), et dont la résolution passe par une explication mythique et fantastique qui tombe comme un cheveu sur la soupe, sont noyés dans une masse de détails sur les émois adolescents, sur les groupes de prière, sur la vie difficile dans une île un peu paumée sur la côte Atlantique. Dans ses histoires anglaises, Elizabeth George provoquait déjà de la dilatation d'intrigue, mais avec cette série elle professionnalise cette dilation. Cela donne un roman fastidieux à lire... Les jeunes adultes méritent bien mieux !
Citation
Jenn ne fut guère plus avancée après avoir interrogé son père sur la marée noire. Accaparé par les préparatifs annuels de la fête de la bière de Seattle, Bruce McDaniels répondit à ses questions par des grommellements.