Contenu
Poche
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Catherine Richard
Paris : Rivages, février 2016
240 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-3259-5
Coll. "Noir", 991
Mauvaises vibrations
Jim Nisbet nous revient, et il est au meilleur de sa forme à l'heure de nous livrer une satyre sociale qui flirte entre surréalisme et ubuesque avec en toile de fond la petite arnaque à la rencontre de la grande... Et toujours le même constat : ce sont ceux qui voient les choses en grand ET qui n'ont aucun scrupule qui s'en sortent sans coup férir.
Klinger est un loser. Quand il ne dort pas dans les buissons épineux c'est qu'il a carotté ici et là quelques dollars et qu'il a réussi par dessus tout à ne pas les boire entièrement à l'Écubier tenu par Bruce (non, il n'est absolument pas tout puissant). Donc Klinger est un loser et ses compagnons d'infortune feraient mieux de s'écarter de son chemin. Chainbang en est un, et pour ne pas avoir pris la peine de s'écarter de son chemin, il finira (au mieux) en prison après l'accident d'une Mazda MX-5 qu'ils ont fauchée. Frankie Zigue en est un autre, et lui non plus n'a pas pris la peine de s'écarter de son chemin. Et lui va être retrouvé mort dans une ruelle après une bagarre avec un gars qu'ils ont plumé mais qui a eu le malheur de s'en rendre compte. À partir de là tout va aller de travers pour Klinger qui se retrouve il ne sait comment avec le smartphone du gars en question. Or, le gars en question est un programmateur d'applications de génie qui est en train de se faire entuber par son associée, amie de fac, mais c'est bien connu dans ces métiers, il n'y a pas d'amitié qui tienne.
L'arnaqueuse sans scrupule c'est Marci, une assez jolie femme d'à peu près trente ans qui va bientôt se marier mais qui a une expérience sexuelle très limitée. Son but dans ce roman : faire main basse sur les cinq mille lignes de codes qui sont dans le smartphone de Phillip (qui est lui-même à l'hôpital après l'agression initiale). Mais il y a un mot de passe... La suite du roman est une longue traversée en taxi de San Francisco, une ville sous des trombes d'eau, pour boire, prendre un petit déjeuner, se trouver des fringues secs, aller à l'hôpital, revenir à l'Écubier, en repartir et y revenir. Le tout avec un Klinger qui ne sait comment se dépêtre de Marci et qui a même réussi à ne pas s'envoyer en l'air avec elle alors qu'elle s'offrait de bon cœur et bonne poitrine à lui.
La plume de Jim Nisbet est légère et séduisante, mais il ne faut pas oublier non plus qu'elle est caustique et noire à souhait. Le roman conserve une tonalité primesautière qui n'est pas sans rappeler celle de la série des Dortmunder de Donald Westlake. C'est ainsi que le chauffeur de taxi est capable de discuter du meilleur itinéraire avec vous comme s'il était un GPS sur pattes. C'est ainsi que Klinger croise des habitants de San Francisco avec qui il a des discussions vraiment passionnantes et qui trainent vraiment en longueur. C'est surtout ainsi que Jim Nisbet nous présente certains habitués de l'Écubier qui enchainent les shots avant de planter très vite un couteau entre les phalanges de leur main gauche posée à plat sur une table : vous l'aurez compris, on perd au premier sang... Le dernier chapitre, en un retournement logique nous écarte cependant des fins des romans de Dortmunder, et confère à Jim Nisbet cette petite musique particulière qu'il ne partage avec personne, et qui n'est surtout pas Creation of Tron de Wendy Carlos !
Citation
Est-ce que quelqu'un dans ce véhicule s'est un jour demandé combien de hummers il faudrait pour atteindre la même densité que l'étoile à neutrons qui se trouve au cœur de la nébuleuse du Crabe ? Non ? Eh bien, courage : un consortium sino-iranien consacre une vaste réflexion au domaine...