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Personne ne veut savoir
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol par Olivier Hamilton, Johanna Dautzenberg
Paris : Rivages, novembre 2015
412 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-3414-8
Coll. "Thriller"
La sagrada familia
La famille c'est sacré ! En tout cas, la famille va provoquer bien des soucis dans ce roman policier qui met en scène l'inspectrice de Barcelone Petra Delicado. Cette dernière va être au cœur de cette histoire, et va devoir composer avec un nouveau mari (le troisième), qui a bien du mal à supporter son travail envahissant. Son adjoint ne sera pas mieux loti, coincé par une épouse qui tente de l'éduquer et de le civiliser. Durant leur enquête, les deux enquêteurs devront faire équipe avec deux policiers italiens dont l'un vit difficilement depuis son divorce (et qui a l'air de trouver une âme sœur en Petra Delicado) et son adjointe qui revient juste d'un congé de maternité. Face à eux, une enquête complexe avec une veuve qui vient, cinq ans après la mort de son mari, relancer la police. Qui a bien pu tuer son mari, un homme sans histoires, père modèle, patron modèle dans l'industrie du textile, et mari qui se soulage avec des prostituées (donc pas vraiment modèle) ? Les membres survivants de la famille de cet homme, filles et gendres confondus, sont touq une publicité vivante pour la famille idéale. Mais est-ce bien vrai ? Car derrière cette famille, peu à peu, se dévoile une autre Famille, celle qui parcourt aussi le roman policier : la Mafia. Une famille qui n'hésite pas à dévorer ses enfants (ce qui ne la rend pas forcément différente d'une famille normale). À partir du moment où Petra Delicado va commencer son enquête, elle va réveiller l'assassin qui lui tentera de liquider les témoins de son crime passé. Mais l'enquête révèle en même temps d'autres crimes qui lient la famille à la Famille, et des actions illégales plus anciennes. Derrière l'apparence des choses surgit alors la turpitude du monde. C'est ainsi que l'inspectrice Petra Delicado va interroger une ancienne prostituée qui détient des informations. Cette dernière s'est réfugiée dans un petit village où elle travaille tranquillement avec son nouveau compagnon. À peine a-t-elle croisé la policière que le calme de son nouvel univers va s'écrouler...
Personne ne veut savoir joue sur deux registres et le style d'Alicia Giménez Bartlett s'adapte à ces deux options. Le rendu correspond aux deux facettes de l'enquête car si le crime a lieu en Espagne, une grande partie de sa résolution oblige Petra Delicado et son adjoint à se rendre en Italie pour obtenir d'autres renseignements. D'un côté, une histoire sombre, de morts, de rancœurs familiales, de recoins sombres des arrière-cours espagnoles et, de l'autre, un soleil italien où le décalage permet aux personnages de réfléchir non seulement à l'enquête mais aussi à leurs propres trajectoires amoureuses. Le roman oscille entre l'aspect noir des bas-fonds, des petites prostituées et des petites magouilles, et la vie agitée des personnages, dans un registre plus comique. Petra Delicado est cernée dans ses obligations familiales, sa mauvaise foi et ses relations avec les enfants de son nouveau conjoint. L'équilibre entre les problèmes professionnels et ceux plus intimes se répondent avec soin, pour créer un roman qui ne fera pas hurler au chef d'œuvre, mais qui s'inscrit dans une série de bonne qualité, sans en être forcément le meilleur élément.
Citation
Marianna Mazzullo faisait partie du monde de la pègre, ce qui expliquait qu'elle soit aussi insensible aux interrogatoires traditionnels qui consistaient à mettre la pression et à menacer.