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Ce qu'il nous faut c'est un mort
Grand format
Inédit
Tout public
400 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-265-11569-9
Coll. "Fleuve noir. Thriller"
Saga Normandia
Vrainville, Normandie. Là où Gaston Lecourt a bâti l'entreprise de sous-vêtements Cybelle et l'a mené au succès en patriarche intraitable sur le bien-être de ses employés. Une usine qui est devenu le cœur même de cette petite ville. Son petit-fils Vincent est quasiment programmé pour prendre la place de son père à la tête de l'entreprise alors qu'il ne rêve que de théâtre. Mais il y a cette nuit du 12 juillet 1998, durant laquelle trois faits simultanés vont sceller à l'avance le destin des Vrainvillais. Il y a la naissance de cette petite fille, Mélie, dont l'histoire sera liée à Cybelle. Il y a ce dément qui viole trois femmes à Nancy — dont Marie Damrémont, future épouse de Maxime, un des trois jeunes gens — un psychopathe sans remords qui finira à récolter vingt ans de prison. Et il y a ces trois fils de famille, dont Vincent, qui après une soirée bien arrosée, renversent en voiture la jeune Fanny Cali, qui restera paralysée. Des années plus tard, la crise est passée par là et Cybelle risque de tomber sous le giron d'un fonds de pension si un avocat rapace réussit à faire pourrir la situation. Il y a Fanny Cali, revenue à Vrainville comme un fantôme hantant les trois coupables. Et enfin, il y a ce violeur, monstre au visage d'ange qui vient de sortir de prison et entend bien terminer ce qu'il a commencé...
Les habitués de l'auteur du Deuxième homme et du magnifique Imagine le reste (lecture indispensable s'il en est) savent qu'il ne faut pas s'attendre à du thriller industriel ou même du polar stricto sensu. D'ailleurs, comment qualifier ce roman qui est à la fois polar, saga et mélodrame social ? Tout ça et bien plus encore : c'est l'un de ces romans qui donne moins l'impression de faire évoluer un scénario que de laisser vivre des personnages crédibles, faillibles, des destins dont le sort fut scellé sans qu'ils le demandent puisque comme le dit Hervé Commère "on ne voit jamais tout complètement, on avance, on ne sait pas. On verra." Ce dont traite l'auteur, c'est tout simplement de la vie, cette comédie humaine absurde et sublime, ses vissicitudes et sa splendeur (tout le passage sur la création d'une entreprise que l'on pourrait juger patriarcale, mais d'un modèle que l'on en vient à regretter à l'ère des cost-killers, de la finance sans visage et du management par la douleur évoque carrément Émile Zola !) ; autant dire ce qui peut être la définition même de la littérature... On pourra peut-être regretter un grand nombre de personnages qui fait qu'il faut être attentif à qui est qui pour s'y retrouver, surtout que la narration est non-linéaire, mais qu'est-ce qu'un minimum d'exigence lorsque la récompense est à la hauteur ? Décidément, Hervé Commère place la barre si haut que l'on se demande comment il pourra maintenir un tel niveau. Assurément, Ce qu'il nous faut c'est un mort est l'un des romans de l'année.
Citation
La suspicion s'installe, l'imagination galope. Il en faut peut-être un petit peu plus pour mettre à sac une relation de travail et d'amitié vieille de trente ans, mais la base est posée. Pour reprendre une expression chère à la province, le ver est dans le fruit.