Contenu
Pottsville, 1280 habitants
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Paul Gratias
Paris : Rivages, avril 2016
270 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-3628-9
Coll. "Noir", 1013
Shérif faussement plouc
Avec Nick Corey, son shérif du comté de Pottsville, Jim Thompson perpétue la tradition américaine des héros faussement naïfs. Douze ans après L'Assassin qui est en moi, il fait surtout à nouveau vivre un personnage chargé de faire respecter la Loi et qui n'hésite pas à tuer des innocents pour accomplir des plans que lui seul perçoit et conçoit (plus tard, il se persuadera de les ourdir au nom du Seigneur et de ses fameuses voies impénétrables). L'action de Pottsville, 1280 habitants se déroule en 1917 dans une Amérique qui va tout droit dans le mur. Nick Corey y joue les personnages débonnaires. Il se fait traiter de tous les noms par deux proxénètes et mettre des coups de pied au cul par un shérif de la ville voisine et son assistant. Surtout, il a été contraint de se marier avec Myra qui le fait cocu avec Lennie, celui qu'elle prétend être son frère et qui vit avec eux. Lennie est un personnage peu reluisant. Et c'est peu de le dire. Il passe son temps à épier les femmes de Pottsville à travers les persiennes de leurs fenêtres. En premier lieu celles d'Amy Mason, une femme qui devait se marier avec Nick Corey avant qu'il ne tombe entre les griffes de Myra. Et puis il y a Rose Hauck, la meilleure amie de Myra, mariée à un homme violent, et qui est la maîtresse de Nick. Le roman est un roman de faux semblants. Dès le début, Nick Corey abat froidement les deux proxénètes. Il passe son temps à dormir et à faire semblant de s'activer alors que ses administrés lui cherchent un remplaçant. Mais sous ses faux airs, il distille son poison en faisant circuler des rumeurs et en misant sur les travers de ses concitoyens - chacun a en effet quelque chose à cacher surtout en matière de relations extraconjugales. Lui est un expert de ces relations puisqu'il se trouve au centre d'un triangle amoureux dont les trois sommets sont Myra, Rose et Amy, autant de femmes qu'il n'hésitera pas à sacrifier pour ses propres projets. Pottsville, 1280 habitants est un roman légendaire et culte. Légendaire car il a été traduit à la "Série Noire" sous le titre 1275 âmes amputé de cinq personnages (et qui lui a valu 1280 âmes, un roman d'enquête littéraire de Jean-Bernard Pouy) et d'un nombre considérable de pages. Culte, car c'est à coup sûr l'un des meilleurs de Jim Thompson. Le romancier américain fait évoluer son intrigue de manière implacable. Surtout, on se doute que son héros fonce lui aussi dans le mur, et pourtant Jim Thompson lui offre (peut-être) une échappatoire glaçante. Le romancier aime les monstres psychologiques, et avec Nick Corey, il en a trouvé un bien malin. Jean-Paul Gratias, le traducteur de ce roman proposé dans son intégralité, est un heureux homme !
Citation
Je vais commencer à sévir. À partir de maintenant, tout contrevenant à la loi aura affaire à moi. À la condition, bien sûr, qu'il s'agisse d'un Noir ou d'un petit Blanc fauché qui n'a pas les moyens de payer l'impôt électoral.