Des basses & débâcle

Brian Hopwood, étalé sur le dos sur le sol crasseux de son bureau, la douleur lui labourant le flanc gauche là où il avait percuté l'angle aigu de sa table, le petit automatique bon à rien toujours serré dans son poing, leva les yeux au-delà de l'épaisse crinière rousse ondulée de Suzanne Gilbert, vers le dur à cuire qu'il s'était sottement imaginé pouvoir maîtriser. Et il se dit : Bon, je ne suis pas mort, c'est chouette.
Richard Stark - Demandez au perroquet
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Noir

Des basses & débâcle

Social - Musique - Vengeance MAJ dimanche 12 juin 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 16 €

Léonard Taokao
Malzéville : Territoires témoins, mai 2016
166 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-918634-34-8
Coll. "Borderline"

Braves gens et doux ravers

Des basses & débâcle, c'est avant tout l'histoire d'une utopie. Une utopie bruyante et marginale racontée à la première personne. C'est le récit de Thomas, un jeune homme qui a décidé de vivre en marge et de sa passion. Fasciné par les musiques électroniques modernes, il veut être musicien dans les rave party. Pour cela, il est prêt à tout, à se mettre en "collectivité" avec d'autres amateurs, dans les campagnes françaises, à vivre à la marge, à cultiver ses plantes pour manger ou fumer, surtout à accumuler les petits boulots saisonniers pour pouvoir pendant les mois estivaux traverser l'Europe de fête en fête.
Le roman de Léonard Taokao se découpe en deux parties correspondant aux deux étapes de sa trajectoire : une phase ascensionnelle où le narrateur raconte ses expériences, et sa vie simple et marginale faite de camaraderie, d'utopies douces vécues avec zen avant de décrire la façon dont, au bout du compte la société va se "venger" de lui et de sa vie car elle n'apprécie pas, cette société, les comportements "déviants" avec drogue incorporée et non respect de la propriété - les champs détruits par les fêtes. Elle n'apprécie pas ceux qui désirent faire un pas de côté d'une consommation folle. C'est dans cette deuxième partie que ressort plus facilement l'aspect polar (mais la première partie, plus "rose", fait le contrepoint de bonne et intelligente façon). Thomas est mis au ban de la société, arrêté, bloqué dans ses passions. Le narrateur décide alors de se venger avec humour. Mais cette société peut-elle accepter que l'on se moque d'elle ?
Léonard Taokao, qui avait déjà séduit avec Mauvaise herbe, a aussi la bonne idée de doubler son intrigue en racontant l'histoire d'un autre point de vue : celui du chien du narrateur qui, peu à peu, s'humanise et commence à partager les valeurs de son maître. À moins que ce ne soit l'inverse et que ce soit l'homme qui s'améliore en acceptant de reconnaître sa part animale. Mais même si l'on crie à la victoire future, au juste droit à la différence, le roman se déroule de manière logique et implacable pour montrer que les utopies n'ont pas forcément bonne presse et ne se terminent pas toujours bien. Des basses & débâcle est une bonne introduction, une description simple mais attachante, sans doute vécue par l'auteur (ou alors il sait très bien se documenter) de ce milieu que nous regardons sans forcément le comprendre, de ces ravers (rêveurs ?), que nous ne connaissons que par quelques reportages autour des dégâts commis chez les agriculteurs à la belle saison.

Citation

Son école de commerce avait voulu faire de lui un requin, il avait préféré devenir un poisson volant.

Rédacteur: Laurent Greusard dimanche 12 juin 2016
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page