Contenu
Les Cruelles étoiles de la nuit
Poche
Réédition
Tout public
Traduit du suédois par Philippe Bouquet
Arles : Babel, novembre 2015
442 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-330-05664-3
Coll. "Noir", 146
Nouvelle sonate d'automne
De France, tout parait calme en Suède, mais comme dans notre pays, des drames couvent. Un vieil homme s'est suicidé dans une ferme isolée pendant qu'un universitaire, veuf et spécialiste de Pétrarque, a quitté le domicile familial, laissant seule Laura, sa fille de... trente et un ans. Le calme convient parfaitement à la commissaire Ann Lindell, qui parvient ainsi à travailler tranquillement en éduquant son fils et en pensant à son ancien petit ami. Mais bien évidement, nous sommes dans un roman policier et forcément les choses vont se gâter. C'est ainsi que le corps du vieil homme porte des traces qui laissent penser qu'il a peut-être été assassiné. Quand à l'universitaire, c'était un vieil homme tyrannique dont l'absence ne semble pas chagriner grand-monde. Même sa fille semble profiter de sa disparition pour jeter sa gourme. Pourtant, Ann Lindell ne peut s'empêcher de ne trouver pas cela très net. Lorsque d'autres morts suspectes surviennent et semblent liées à celle du vieil homme, la commissaire commence à percevoir un schéma, et ce schéma passe par l'universitaire.
L'enquête, de facture classique, est le soubassement sur lequel s'appuie Kjell Eriksson pour décrire des personnages et la situation dans une petite ville de province suédoise. Derrière ces morts, dont il faut bien avouer que l'auteur les traite par dessus la jambe, on va surtout suivre les trajectoires des personnages. Deux acteurs occupent le devant de la scène. Tout d'abord nous avons bien évidemment la commissaire Ann Lindell et ses problèmes divers, ses impulsions soudaines, sa manière de souvent enquêter de son côté. Face à elle, nous allons suivre l'émancipation de Laura qui, depuis la mort de son père, entame une liaison tumultueuse et adultère. En arrière-plan, nous aurons le portrait du disparu, père et mari autoritaire et égocentrique, plus engagé dans les luttes de pouvoir pour son poste universitaire que par sa vie de famille. Par delà son cas, Laura découvrira aussi des secrets de famille. Même si le roman réserve quelques scènes d'action, l'essentiel se déroule plutôt dans les demi-teintes, dans les non-dits des personnages, dans le suivi entomologique des psychologies et des personnages, bref plus le côté Ingmar Bergman que celui de Quentin Tarantino. Ce qui n'est pas mal !
Citation
Laura Hinderstein éclata d'un rire sec et bref qui rappela à l'agent une institutrice qu'elle avait eue jadis : elle pourrissait l'existence des enfants par son orgueil mêlé à l'amertume de devoir supporter des élèves aussi stupides.