Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit du suédois par Rémi Cassaigne
Arles : Babel, octobre 2015
436 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-330-05637-7
Coll. "Noir", 142
Vengeance en trois actes
Dans Catharsis, il est avant tout question d'une affaire qui trouve ses racines dans le passé. Des années plus tôt dans un coin paumé de Suède, un groupe d'amis et de connaissances ont aussi profité de leurs rencontres familiales anodines pour se livrer à des actes sexuels sur des enfants, poussant le vice jusqu'à en adopter certains afin de renouveler leur cheptel. Bien entendu, ce n'était pas sans conséquences et cette horrible affaire a traumatisé les victimes qui, des années plus tard, en souffrent encore. De là à voir certaines d'entre elles qui cherchent à se venger, il n'y a qu'un pas... Le roman s'ouvre avec deux femmes retrouvées mortes, brûlées dans leur voiture au sommet de Tantoberget. Les indices s'accumulent pour montrer qu'elles ont été elles-mêmes des tueuses assassinant des anciennes élèves de l'internat de Sigutna. Mais la commissaire Jeanette Kihlberg (qui a passé une partie de sa scolarité dans la même école, le hasard fait particulièrement bien les choses ou se révèle un joli pied de nez) chargée de l'enquête est perplexe car on lui donne beaucoup trop d'éléments pour pointer du doigt les coupables mortes. Ne serait-ce une ruse supplémentaire du véritable assassin ? Le récit alterne les points de vue en se focalisant principalement sur Sofia Zetterlund, une psychologue qui souffre d'un dédoublement de la personnalité et devient une nymphomane sous le pseudonyme de Victoria Bergman. Mais que cache exactement cette double personnalité ? L'autre point de vue est celui de la commissaire Jeanette Kihlberg qui essaie de comprendre ce qui se passe, de relier les fils entres les meurtres actuels, le présent et le passé, en tentant de maintenir une vie privée, ce qui, vue sa sexualité débordante, est un peu compliqué.
Le syndrome de la trilogie a encore frappé. Toujours est-il que parfois les auteurs ont l'ampleur pour raconter des événements qui tiennent la route sur une distance de trois ouvrages. Parfois, c'est plus difficile et c'est le cas d'Erik Axl Sund. Certes, l'auteur suédois sait décrire, et quelques scènes ont un côté noir, un mélange entre ce qui est raconté et le non-dit, que le lecteur comprend de suite qui renforce le caractère horrifique des situations. Mais les pertes de conscience de Sofia Zetterlund masquent de plus en plus difficilement son dédoublement et la vengeance réussit aussi par la volonté de l'ensemble des acteurs du crime passé de se taire. Le non-dit, la mise en scène des victimes traumatisées dans leur actions quotidiennes. De nombreuses redites pas forcément essentielles, ralentissent l'action et surtout font disparaître une partie du suspense. Il subsiste de bons passages dans un récit en trois parties qui aurait gagné en intensité en se réduisant à un diptyque.
Citation
Et la fillette de Karl et Annette qui jouait, insouciante, à la lisière des vagues. Tous nus à part l'éleveur de porcs car il disait avoir de l'eczéma et ne pas supporter le soleil.