L'Effet domino

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Roman - Policier

L'Effet domino

Historique - Tueur en série - Gothique MAJ mercredi 15 février 2017

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,5 €

François Baranger
Paris : Bragelonne, février 2017
570 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 979-10-281-0113-8
Coll. "Thriller"

Prémices de notre monde

Il y a des périodes historiques plus captivantes que d'autres et nul doute que celle de L'Effet domino, de François Baranger, est l'une des plus intéressantes à traiter. En effet, au début du XXe siècle, à Paris en particulier, tout se bouscule : les arts, les sciences et les techniques sont en pleine effervescence. Aucun lieu, ni aucune profession n'échappe à cette atmosphère. C'est dans ces conditions que Lacinière, un policier breton, vient d'être convoqué dans la capitale et qu'il y découvre les taxis, les dirigeables qui permettent de rattraper des suspects pourtant partis depuis plusieurs heures, la volonté des femmes de s'insérer dans la société et qu'il s'initie aux nouvelles techniques de la police scientifique - à titre de références, pour nos lecteurs les plus âgés, il est fait mention plusieurs fois de la future création des fameuses Brigades du Tigre. Lacinière est venu car il est chargé d'une mission importante face à un nouveau type de criminel que l'on ne connaît pas encore dans la France de 1907 : le tueur en série. Un mystérieux individu est en train de tuer des gens dans d'horribles circonstances. Non seulement, il laisse à proximité des corps des indications qui laissent penser qu'il est féru d'occultisme et de numérologie (au point que Lacinière soupçonnera un temps des sectes florissantes de l'époque, comme les disciples de Alistair Crowley ou les esprits tourmentés par la parution du roman Là-Bas de Joris-Karl Huysmans), mais après avoir tourmenté ses victimes, il leur laisse dans la gorge un domino. Le gros problème de la police, et notamment du préfet Lépine (qui a été chef de la police avant que son nom ne devienne plus connu à cause d'un concours d'invention), c'est que lorsque les policiers commencent à enquêter sur les crimes, certains de leurs proches sont assassinés à leur tour, ce qui refroidit nettement les initiatives. Lacinière, qui est célibataire, et ses deux adjoints, eux aussi seuls, forment l'équipe idéale pour enquêter en évitant les risques mais c'est une enquête très difficile : les victimes sont des proches de personnalités de l'époque qu'il convient de ne pas ennuyer ; un journaliste à la recherche d'un scoop tourne autour du policier et sa hiérarchie n'a pas forcément une énorme confiance en lui. Lorsqu'en plus "Double Six", le principal suspect, s'avère être une sorte de Chéri-Bibi, revenu du bagne et pourvu de pouvoirs surnaturels, la lutte s'annonce difficile.
François Baranger, qui s'est fait connaître ces derniers temps avec un diptyque de science-fiction matinée de théologie, signe ici une œuvre intéressante. Évidemment, le thème du tueur en série commence à être balisé si ce n'est banalisé, mais François Baranger lui donne un effet déformé (grâce à une motivation particulièrement forte et prenante, avec quelques surprises, que nous ne voudrions pas dévoiler). Surtout, il sait reconstituer l'ambiance et les enjeux d'une époque : les théories socialistes, anarchistes ou gauchistes, les nouvelles inventions scientifiques qui changent les données (ici, la vitesse, les premières empreintes, la découverte des groupes sanguins), les mouvements littéraires ou les débuts de la psychanalyse (avec une mention spéciale aux asiles et autres joyeusetés qui avaient été décrites par Michel Foucault dans son Histoire de la folie), rehaussant le tout avec un style qui emprunte à la fièvre des feuilletonistes (une poursuite en dirigeable, des courses en voitures, des décors gothiques, des orphelines et leur tuteur concupiscent, du vaudou et des bagnards...) pour écrire un roman dynamique, documenté. L'Effet domino une très bonne surprise de cette rentrée littéraire.

Citation

Qui aurait cru que l'électricité avait pris tant d'importance dans la capitale ? Certainement pas moi. Il avait suffi d'un conflit entre le syndicat des électriciens et le conseil municipal, au sujet d'un accord contesté par les ouvriers, pour que des quartiers entiers de Paris se retrouvent sans éclairage.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 31 août 2016
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