Une forêt obscure

Lisez-vous les statistiques, Paddy ? Avez-vous vu des gangsters arrêtés dans la nature ou à une frontière ? On les cueille dans une grande ville, en compagnie d'une femme.
Richard Quine - Du plomb pour l'inspecteur
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Thriller

Une forêt obscure

Psychologique - Tueur en série MAJ lundi 19 septembre 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Fabio M. Mitchelli
Paris : Robert Laffont, septembre 2016
416 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-221-18872-9
Coll. "La Bête noire"

Promenade dans les bois

Fabio M. Mitchelli sait qu'un thriller doit distiller la peur, mais cette peur n'est pas obligatoirement gratuite et dans une surenchère de cadavres, d'éviscérations et de découpages sanguinolents. Au fil de ses romans, l'auteur s'est un peu "assagi", c'est-à-dire qu'il a compris comment insuffler autant d'horreur qu'auparavant en suggérant plus qu'en imposant des descriptions nauséeuses. La première scène d'Une forêt obscure en est un bon exemple. Nous allons assister à un accident de voiture où le conducteur fauchera une joggeuse. Le récit est court et prenant, la tension monte, cinématographique, par de petits plans alternés de la jeune fille qui court innocemment, écouteurs vissés sur les oreilles, et de la voiture qui dévale la pente. Il en est de même lorsque l'auteur se permet des clins d'œil pour montrer qu'il n'est pas dupe de sa propre intrigue. Louise Beaulieu, l'une des enquêtrice de ce puzzle psychologique, tentee d'obtenir des informations du très dangereux tueur en série Daniel Singleton. Ce dernier joue avec ses nerfs et elle lui répond, grosso modo, qu'elle est dans la réalité et non dans Le Silence des agneaux, ramenant la réalité en dehors de la fiction Si le roman de Fabio M. Mitchelli joue avec les tueurs en série, les prédateurs de différente nature (s'inspirant de cas réels), il n'en est pas moins aussi un roman à suspense qui s'articule autour de personnages qui poursuivent des mobiles plus terre à terre. D'ailleurs, l'histoire se passe principalement à Juno et, en arrière-plan, on trouve le traumatisme originel de la région - le naufrage de l'Exxon Valdez, qui a donné lieu à des comportements citoyens et humanitaires, mais aussi à de terribles magouilles. L'intrigue se déroule en plusieurs étapes qui, bien entendu, vont se rejoindre. D'un côté, deux jeunes filles sont retrouvées blessées, victimes de tortures et d'expérimentations pseudo-scientifiques, errant dans la nature. De l'autre, Louise Beaulieu, enquêtrice canadienne qui recherche un tueur en série qui diffuse des images horribles sur Internet. Lorsqu'elle enquête, elle tire des fils qui peu à peu la conduisent vers l'autre affaire.
Même s'il utilise des faits divers réels (comme le cas de Luka Rocco Magnotta), Fabio M. Mitchelli décale son propos pour l'installer dans son propre univers. Il sait que c'est en écrivant que l'on repère ses faiblesses et que l'on peut s'améliorer et, après des débuts prometteurs, il nous confirme qu'il maîtrise son sujet. L'intrigue est bien construite, avec un soin apporté à ses personnages (qui ont tous des fêlures plus ou moins grandes ce qui fait parfois décaler l'histoire vers des endroits inattendus et relance le suspense de manière encore plus aiguë). Là où sans doute, Fabio M Mitchelli fait le plus peur, ce n'est pas dans la description des crimes qu'il décrit, mais dans sa capacité à se mettre à la place, à nous faire vivre comme ressortant de la normalité les comportements les plus déviants. Jamais il ne juge frontalement ses criminels, mais il parvient à nous mettre dans leur état d'esprit, à suivre la logique qui les anime. On en vient presque à considérer comme anodin et normal le fait de découper son amant pour en savourer quelques morceaux ou se livrer à la chasse en pleine forêt avec comme proies des jeunes filles. Une forêt obscure pourrait aider à faire connaître, du grand public, un auteur qui, s'il continue ainsi, comptera dans les années à venir.

Citation

Luka souriait. Le plaisir qu'il prenait était jubilatoire, incommensurable, même. L'être qui l'avait dévoré au fil des ans ne lui avait laissé aucune chance. La bête noire s'était insinué en lui, l'avait dissous de l'intérieur.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 13 septembre 2016
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page