Contenu
Poche
Inédit
Tout public
446 p. ; 17 x 12 cm
ISBN 979-10-310-0212-5
Coll. "Crimes et châtiments"
Prison perpétuelle
Divers films récents, dont certains ont brillé lors du Festival de Cannes, ont remis sur le devant de l'actualité les truands modernes, les petits ou gros caïds de banlieue, la génération montante du gangstérisme, celle qui parfois flirte avec les extrémismes religieux. Avec le tournant du siècle, les derniers gangsters à l'ancienne, ceux qui furent immortalisés parJean Gabin, Jean-Paul Belmondo ou encore Lino Ventura au cinéma, ont disparu dans la poubelle de l'histoire. C'était une génération qui se piquait d'honneur, de virilité, voire de machisme assumés. Emmanuel Varle nous emmène de plain-pied dans la cellule de l'un de ces vieux condamnés, emprisonné à perpétuité, et nous allons assister à sa longue confession. Écrit à brûle pourpoint, le récit navigue entre une enfance dans un milieu bourgeois où le personnage ne se sent pas trop à sa place et veut briser les cadres un peu rigides, les débuts dans le grand banditisme, ses arrestations, sa dernière affaire qui a mal tournée - l'un de ses complices a en effet abattit un gendarme -, et les années qu'il a longuement passé derrière les barreaux. Coincé dans sa cellule, le truand vitupère contre un monde qui a perdu ses repères, contre les nouveaux gangsters qui ne sont que de petites frappes mal élevées, contre les émigrants qui viennent voler le pain de la bouche des honnêtes truands français. Il raconte sa vie, ses angoisses, le monde disparu des bandits d'honneur, s'appuyant sur des exemples précis que l'auteur (lui-même policier) tire de sa longue pratique professionnelle ou de l'histoire de la criminalité. Le récit est en même temps, une description de la prison, de ses passe-droits, de ses noirceurs. Une légère intrigue pointe en filigrane. Le prisonnier vieillissant, qui sait depuis longtemps qu'il va mourir là seul, posant la question du devenir des vieux incarcérés, rencontre un jeune visiteur des prisons dont les intentions sont mystérieuses. Cette rencontre ponctue ce long soliloque, très bien documenté, qui restitue avec force une voix, celle d'un truand à l'ancienne. On imagine le film de genre qu'en tirerait Jean-Pierre Melville avec un acteur comme Alain Delon d'aujourd'hui - peut-être même en insérant des extraits de films de sa jeunesse. Dernier virage avant l'enfer se révèle être à la fois un roman nostalgique sur un univers qui disparaît et une création littéraire pour reconstruire un personnage dramatique par la seule force de sa parole. Un ouvrage à la tonalité intelligente et sensible.
Citation
Question prison, je suis un recordman ! En tout, près de 36 ans passés entre quatre murs gris et des milliers de nuits comme celle-ci, vide, à essayer de ne pas trop penser au passé qui fait mal et à l'avenir sombre et incertain.