Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Le concierge est au 3e
Un boomerang, c'est une arme qui revient au dernier moment à son point de départ, et c'est bien ainsi que Henri Weigel semble avoir conçu trilogie puisque ce troisième volet se clôt comme a commencé le premier, par un couple de concierges qui s'enrichit au détriment de son patron. Mais c'est également une arme, le boomerang, et il sera bien question de meurtres dans ce nouveau roman. Mais chez le prolifique Henri Weigel, les meurtriers ne sont pas forcément des brutes épaisses qui font parler la poudre dès que l'envie leur en prend. Au contraire, les personnages principaux sont souvent des êtres normaux qui vont se retrouver face à des situations où le meurtre a l'air d'être l'alternative la plus logique à la résolution de leurs problèmes.
Dans le cas présent, nous allons suivre la troisième génération ancrée dans le crime. Les grands-parents, anciens concierges ont fait fructifier de l'argent mal acquis, les parents ont continué à l'amasser, laissant à leurs côtés des gens ruinés ou ayant assassiné pour assurer leur fortune. Maintenant, il y a d'un côté une jeune fille, Juliette, qui ne sait que faire de cet héritage et préférerait vivre à la campagne, en fermière, reprenant l'exploitation d'une tante. Il y a de l'autre, Bruno. Son père est mort alors qu'il allait révéler des secrets sur la famille de Juliette, et comme il veut se venger, il est entré dans la police avant de sympathiser avec la famille de Juliette et de la dévorer de l'intérieur. Pour se faire, il n'hésitera pas à tuer une maîtresse qui entend lui couper la route de Juliette, puis les membres de la famille de celle-ci qui semblent se rapprocher de la vérité...
À peine a-t-il mis un pied dans le crime que Bruno a inscrit dans le sang sa trajectoire. Le roman hésite entre tragédie et comédie. Bruno semble aimer Juliette mais il doit faire avec sa vengeance. Et puis il est coincé par ses obligations. Il est contraint de vivre avec un cadavre caché dans sa cave et dont il n'arrive pas, comme dans une pièce de Samuel Beckett, à se débarrasser. Servi par une écriture réaliste qui n'hésite pas à entrer dans les détails de son intrigue, Boomerang meurtrier rappellera aux amateurs de littérature les romanciers qui reprennent, comme Balzac ou Zola, leurs personnages d'un roman à l'autre, à les décrire de manière quasiment biologique, comme si le crime était génétique. Oscillant sans cesse entre la fatalité (Bruno essaie de trouver des solutions, il n'en voit que des meurtrières ce qui le pousse de plus en plus vers une pente fatale) et l'ironie (le final qui crée une boucle avec le premier épisode comme si tout ceci n'était qu'une gigantesque plaisanterie), le roman montre combien Henri Weigel continue à creuser son sillon, avec un style particulier très descriptif des actions de ses personnages, n'hésitant pas à multiplier les intrigues et écrivant un texte de trois cents pages là où des feuilletonistes auraient noirci des milliers de feuillets.
Citation
Le jeune commissaire n'aura pas la patience d'attendre l'occurrence d'un délit qui fera que les occupants du château déposent une plainte qu'il ira ensuite instruire sur place. Alors il va le provoquer.