Contenu
Poche
Inédit
Tout public
386 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 979-10-310-0123-4
Coll. "Crimes et châtiments"
Fellation mortifère
Souvent le titre donne beaucoup d'informations sur un ouvrage, et Pornopolis en est une nouvelle preuve. Au centre de l'histoire, plusieurs longues descriptions de fellations qui semblent être le cœur (l'organe ?) du livre. Peut-être même le roman s'est il inspiré de ce brave marquis de Sade, à l'instar des quatre personnages du l'intrigue qui représentent les différents pouvoirs - un bourgeois fortuné, un curé, un policier et le maire de la ville : autant de personnages archétypaux qui peuvent évoquer les quatre "seigneurs" qui commettent les pires orgies dans Les 120 journées de Sodome.
Pour l'intrigue d'Albert Spano, c'est un peu plus échevelé. Il y a Livia, une jeune femme, qui durant sa nuit de noces est offerte par Jerry, son jeune mari, à ses trois complices et associés en crime. Ceux-ci en profitent largement puis s'éclipsent. La jeune femme est traumatisée et elle va rester calfeutrée des mois durant dans sa chambre. Lorsqu'elle en sortira, elle n'aura qu'une seule idée en tête : se venger. Aussi, n'hésitera-t-elle pas à rester auprès de ce mari généreux et partageur afin de faire mijoter sa vengeance (qui se mange froid, c'est bien connu). Toujours est-il que les quatre violeurs sont particulièrement simplets car, après un accident qui touche le mari, le maire retrouvé émasculé et le prêtre transformé façon puzzle, le policier, pourtant chargé de l'enquête, ne comprend pas et continue à accepter les avances de Livia. Comme quoi on peut être de la maison poulaga et être un peu bête ! Livia est si douée pour manipuler les gens qu'elle a convaincu la sœur de son mari, femme vierge de trente-cinq ans, d'aller rencontrer son futur fiancé, beau et ténébreux, dans une boite à partouze. C'est bien connu, elle a beau être innocente, débuter sa vie sexuelle dans le noir, tripotée et pénétrée de partout est, une façon de s'engager dans la vie amoureuse et conjugale comme une autre...
Le récit, raconté de manière discontinue, avec des allers retours chronologiques fréquents, est donc l'occasion de longues scènes, de longs plans séquence comme l'on dirait au cinéma, où la jeune femme drague, suce puis tue ses victimes. Peut-être pour allonger l'intrigue, ou par désir d'épaissir les seconds rôles, l'auteur s'offre des digressions diverses et variées - un résumé de la vie du facteur qui trouvera l'un des corps, le suicide d'un employé municipal qui aurait pu détourner l'héroïne de sa vengeance grâce à son amour ou un homme obsédé par les sacs en plastique. Situé dans un endroit non précisé - cela ressemble à l'Amérique mais on paye en dollars et les personnages ont des noms extrêmement variés, Pornopolis est une sorte d'OVNI, centré sur un fantasme bien particulier et, comme on le sait, les fantasmes sont les choses qui se partagent le moins et ne concernent souvent que leur auteur.
Citation
Quand il s'approcha de Merlane Lacaze, durant un très court instant, le policier saisit sur le visage du suicidé de la tristesse.