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Grand format
Inédit
Tout public
520 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7144-5963-3
Coll. "Littérature française"
Bourgeoisie niçoise
Maud Reynier, fille du célèbre chirurgien niçois Armand Reynier, est victime d'une agression sauvage, manifestement préméditée, alors qu'elle promène son chien. Elle est sauvée par Luc Garnier, un jeune garde du corps de métier qui passait par hasard. Mais le mystérieux agresseur s'acharne à envoyer des menaces au chirurgien... qui décide d'embaucher Luc malgré l'antipathie qu'ils ressentent l'un pour l'autre. Cette famille bien sous tous les rapports cache une vérité moins reluisante : Armand Reynier est un patriarche autoritaire dont l'amour exclusif et étouffant qu'il voue à sa fille en devient ambigu, sa (seconde) femme-trophée Charlotte est alcoolique et nymphomane, et Maud elle-même souffre dans sa prison dorée. Quels secrets cache l'honorable chirurgien ? Des secrets qui l'empêchent d'appeler la police... Comment ce mystérieux tourmenteur en sait-il autant sur les Reynier ? Alors que chacun, Luc compris, lutte contre ses démons, le "corbeau" parviendra-t-il à ses fins ou les protagonistes de ce drame s'autodétruiront-ils ?
Il semblerait que Nadine Monfils et Karine Giebel aient échangé leurs éditeurs respectifs, l'une passant de Belfond à Fleuve et l'autre suivant le chemin inverse. Les lecteurs habitués de l'auteur peuvent tiquer devant le pavé qu'est ce nouveau roman alors qu'à l'exception de Meurtres pour rédemption, cas à part dans son œuvre, elle est à son mieux dans le format moyen, voire court (Les Morsures de l'ombre). En effet, l'exposition de ces personnages tourmentés n'est pas sans redondances tout au long de ces plus de cinq cents pages. Du coup, le style à la mitraillette de l'auteure, tant apprécié de ses amateurs que vilipendé par ses détracteurs, en perd de son impact. Ce qui ne veut pas dire que le portrait de cette famille dysfonctionnelle — aux limites du cliché parfois — ne fonctionne pas, Karine Giébel gardant son don pour prendre aux tripes ; et tout comme dans Satan était un ange, son roman précédent (bien meilleur il faut le dire), cette coterie de gens semi-oisifs a un petit côté années 1970 pas désagréable (on se demande ce qu'en aurait pensé le regretté Claude Chabrol !). Cette fois, on est loin de la complaisance dans la violence du controversé Purgatoire des innocents. Les habitués savent également qu'il ne faut pas s'attendre à un happy-end bien tranché et, sans déflorer, si la conclusion étonne tout en restant dans la thématique de la rédemption chère à l'auteure, rendant au récit la simplicité d'une épure, on peut regretter qu'elle se base sur un effet qui eût fait merveille au cinéma, moins en roman où l'obligation d'être dans la tête des personnages la fait relever de la rétention d'information. Ce qui n'empêche ce roman d'être dans la bonne moyenne de l'auteure sans atteindre le niveau de ses plus grandes réussites. Ses habitués peuvent donc être en confiance.
Citation
Ici, l'argent, le luxe et les convenances ne sont qu'un tapis sous lequel s'accumule la pourriture.