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Retraite basque
Normalement, à l'heure de la retraite, il est temps de s'arrêter, de prendre son temps et de regarder passer les heures en bricolant des loisirs. C'est peut-être ce que désire ce brave comptable au cœur de l'intrigue concoctée par Denis Vauzelle, mais il n'aurait pas dû épouser une femme plus jeune que lui et qui doit encore s'éloigner pour accomplir son métier de journaliste. Surtout, il n'aurait pas dû acheter une maison dans le Pays basque. Depuis sa fenêtre, il distingue une autre maison dans laquelle des années auparavant se sont cachés des autonomistes de l'ETA. Alors qu'il s'ennuie, qu'il se pose des questions sur la fidélité de sa femme partie à Paris, voilà que notre jeune retraité neurasthénique aperçoit des lumières flotter dans la maison abandonnée. Les terroristes seraient-ils revenus ? La maison serait-elle hantée ? De quoi occuper un peu la retraite, non ? Lorsque le comptable visite la maison et rencontre une jeune femme, il en tombe amoureux...
À partir de ce point de départ intéressant, le roman va osciller entre des éléments policiers - qui furent ces autonomistes cachés ? Pourquoi le maire a-t-il peur ? Quel mystère cache la jeune femme ? - et des éléments fantastiques car il va être question d'un poète basque à la recherche de la définition ultime de la mort, et de fantômes de pendus que l'on voit dans la maison. Ce thème est annoncé par l'enquête que prépare de son côté la femme de notre retraité sur Sylvia Plath, poétesse anglo-saxonne qui se suicida au milieu du XXe siècle. Mais alors que le récit hésite entre ces deux versions (et s'il avait tenu la distance avec ces deux variables, cela aurait pu être intéressant), Au fond prend une troisième direction qui ruine un peu les efforts entrepris en offrant une solution peu convaincante, en s'ancrant plus dans le réalisme qui ne convient pas forcément au vu du début, en ménageant une option fantastique à laquelle il devient impossible de croire, en considérant les personnages comme des ectoplasmes, bref à se terminer en eau de boudin.
Citation
Le fleuve de la vie s'était arrêté de couler dans mes veines sans même daigner faire entendre un doux clapotis au contact du bloc de matière inerte contre lequel il butait.