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Grand format
Inédit
Tout public
278 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-8129-1968-8
Coll. "Marge noire"
Bourreau si proche
Au départ, le lecteur se dit qu'il va se retrouver dans une histoire un rien pathos, sur des rails d'un classicisme éprouvé. Laure, l'héroïne du roman d'Arnaud Serac, est une policière, un peu cabossée par la vie et dont le père, lui-même ancien policier, végète dans un fauteuil roulant suite à une interpellation qui a mal tourné. Elle a comme partenaire un flic revenu de tout et qui a même perdu l'usage de son nom et est appelé par tous Le Vieux. Lui est une sorte de dinosaure échoué là comptant ses points avant la retraite. Face à ce duo de choc, se profile une enquête consacrée à un tueur en série qui laisse des cadavres découpés en morceaux et qui, pour compliquer la tache des inspecteurs, les carbonise. L'enquête s'avère difficile car les victimes ne semblent pas liées entre elles et les motivations du tueur semblent très complexes à saisir. Cela énerve la hiérarchie de nos deux enquêteurs. Une hiérarchie qui leur met la pression. Ils sont de plus confrontés à des enquêtes plus quotidiennes, comme cette femme battue qui ne veut pas se plaindre. Laure ne cesse de poursuivre plusieurs lièvres à la fois : elle cherche à en savoir plus sur son coéquipier, elle veut continuer l'enquête sur les sagouins qui ont mis son père dans un fauteuil roulant et elle doit se démener elle-même avec un compagnon jaloux.
Mais malgré tous ces éléments qui s'apparentent à un catalogue des lieux communs du polar de prime time d'une chaîne de télévision généraliste, Des noces noires parvient à glisser un rythme, un style, des petites notes personnelles (peut-être parce que les deux policiers au cœur de l'histoire sont vraiment les deux faces inversées d'une même médaille familiale), une manière ingénieuse de finalement combiner tous ces fils d'apparence disparates pour créer une intrigue qui tient la route et présente la noirceur du monde. Derrière le mythe du tueur en série se cache un criminel beaucoup plus concret, un ennemi plus intime et intimiste, comme une révélation de la noirceur du monde, de sa proximité. Ce n'était pas facile à partir d'un tel point de départ, mais Arnaud Serac a réussi son pari !
Citation
Est-ce normal que l'homme qui vous hissait jusqu'au plafond vive maintenant au niveau de votre ceinture ? Lui qui m'a toujours paru immense, le voilà presque réduit à l'état de larve rampant devant moi, accroché au bras de sa chaise, maintenu à peu près droit par une ceinture nouée sous ses aisselles, comme un nourrisson.