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Révolution
Grand format
Inédit
Tout public
Autre route
Sébastien Gendron aime les récits foutraques, et ce Révolution ne dérogera pas à la règle. L'adage du général de Gaulle - "Les Français sont des veaux" - va se retrouver justifié après les actions désespérées d'un couple improbable aux abords du viaduc de Saint-Maxence, sur l'autoroute des vacances. Pandora Guaperal, ancienne championne de tir, et Georges Berchanko, informaticien reconverti, se sont découverts peu auparavant au Gogo's de Narville-sur-Mer. Tous deux ont des trajectoires atypiques et similaires avec le même employeur fourbe qui leur a refilé des jobs d'intérimaire merdiques et qu'ils ont voulu tuer (la première a dû détruire un calvaire en vue de la construction d'une mosquée sous le regard haineux d'une population, le second a tué par inadvertance un mafieux pour qui il devait réparer un ordinateur). Sous l'impulsion de l'impulsive Pandora, ils vont tenter de susciter des vocations révolutionnaires pour remettre de l'ordre dans notre bonne vieille démocratie malade en bloquant la circulation et en menaçant de se faire sauter la cervelle si les citoyens n'agissent pas. Hormis un animateur d'une radio universitaire, qui va alors les soutenir et passer toute une playlist (que l'on retrouve en fin d'ouvrage) avec force détails, ils vont surtout susciter une salve d'exacerbations car c'est bien connu on ne prend pas en otage ceux qui partent en vacances. Le roman démarre sur les chapeaux de roue avec l'imagination foisonnante et déjantée de Sébastien Gendron, un auteur dont les ouvrages ne cessent de gagner en qualité. On savait qu'il était excellent sur des formats courts, là on a près de quatre cents pages de pur délire qui poussent à la réflexion en compagnie de personnages touchants et truculents qui évitent l'écueil de l'archétype – Voyelle, l'homme à tout faire simplet, Magalie, la journaliste freelance aux dents longues, Anders Maag, le tueur à gages afrikaner... Le final fait froid dans le dos, les situations préalables tendues également. On sourit à quelques situations, on s'énerve de quelques personnages croisés ici et là dans la vraie vie, et on a envie de croire à cette rupture dans l'inertie tout en se disant que si les autres se lancent dans une révolution alors on suivra. En bon observateur du genre humain, Sébastien Gendron a bien compris lui aussi que les Français étaient des veaux, et son roman le prouve agréablement (ou désagréablement, c'est selon).
Citation
Pourquoi ? Parce que personne ne bouge dans ce pays. Regardez-vous ! Vous êtes des milliers, on est deux. J'ai un flingue sur la tête et je menace de me tuer si vous tentez quoi que ce soit. Et après ? C'est vraiment ça qui vous arrête ? Non. Alors quoi ? Juste la pensée que vous accordez à cet événement : je ne suis qu'un emmerdement de plus.