Contenu
Les Flics ne dorment pas la nuit
Grand format
Réédition
Tout public
The New Centurions - 1972
Joseph Wambaugh (entretien)
Nicolas Saada (présentation)
Paris : Carlotta, novembre 2016
1 Blu-ray Zone 2 ; couleur ; 19 x 14 cm
LAPD Blue
En 1972, Richard Fleischer, l'un des grands réalisateurs du film noir, nous plonge dans le quotidien cru (souvent nocturne) d'une brigade du LAPD en se basant sur le premier roman best seller de Joseph Wambaugh, Les Nouveaux centurions, inaugurant quelque peu une nouvelle direction dans le procedural. Joseph Wambaugh n'est pas n'importe qui. Lors de la sortie du film, l'homme est toujours policier dans la Cité des Anges et il n'en a pas moins dressé dans son roman un portrait acide de la police sur fond de racisme et d'homophobie. Si le film de Richard Fleischer occulte les émeutes de Watts en 1965, et qu'il est à la limite de la contemplation ou de l'eugénisme policier (la corruption des flics est totalement absente), il va influencer le cinéma policier et donner une filiation à des séries comme NYPD. Le travail de l'intérieur de Joseph Wambaugh se rapproche de celui d'investigation de David Simon et son imposant Baltimore près de trente ans plus tard, et Richard Fleischer a parfaitement su se l'approprier. Pour l'heure, sur une musique de Quincy Jones, nous assistons à des patrouilles urbaines en compagnie de nouvelles recrues épaulées par d'autres plus expérimentées. La principale d'entre elles, Roy Fehler (Stacy Keach, qui interprètera à de nombreuses reprises le détective Mike Hammer dans des séries télévisées), se découvre alors une vocation au côté d'un mentor d'exception, le vieux Kilvinski (George C. Scott, connu pour avoir endossé le costume du général Patton dans le film éponyme de Franklin J. Schaffner, ce qui lui vaudra un Oscar qu'il refusera car n'aimant pas la concurrence entre acteurs). Les deux hommes patrouillent ensemble essentiellement de nuit. Ils font la tournée des prostituées black qu'ils embarquent et saoûlent avant de les relâcher dans la nature, ils coincent des petits magouilleurs et ils frappent à des portes pour mettre fin avec plus ou moins de réussite à des violences conjugales, parfois même avec humour et légèreté. Surtout, ils finissent la nuit attablés à boire des cafés et manger des beignets. Pendant ce temps, le couple de Fehler se crashe à l'instar de celui de Kilvinski des années plus tôt. Le départ à la retraite de ce dernier précipite la chute du premier dans des tourbillons alcooliques après avoir été la cible de braqueurs. Le spectateur assiste impuissant à cette dégringolade annoncée, et rien ne lui échappe. On pourrait croire que la rédemption existe pour des hommes comme Fehler, qui sont dans l'ensemble bons et qui font leur boulot avec la conscience de bien le faire, mais il y a une certaine inanité sisyphienne qui tourmente les flics et qui en fait des êtres un peu à part et fatalistes. On s'amusera de voir dans ce film nombre d'acteurs dont on connait le visage : Erik Estrada, le Frank "Ponch" Poncherello de la série CHiPs, en latino qui a fui la banlieue Est pour avoir un avenir en dehors des gangs et qui se retrouve à se coltiner ces mêmes gangs dans la banlieue Est ; Clifton James (le shérif Pepper dans deux "James Bond" avec Roger Moore) ; et Scott Wilson (Hershel dans The Walking Dead). Richard Fleischer réalise là l'un film abouti et saisissant de réalisme sur un quotidien triste. On appréciera sa maîtrise lorsqu'il filme Los Angeles la nuit, et quelques poursuites de voitures.
Les Flics ne dorment pas la nuit (103 min.) : réalisé par Richard Fleischer sur un scénario de Stirling Silliphant, adapté du roman Les Nouveaux centurions de Joseph Wambaugh. Avec : George C. Scott, Stacy Keach, Jane Alexander, Scott Wilson, Rosalind Cash, Erik Estrada, Clifton James...
Bonus. Préface de Nicolas Saada. "Chronique humaniste" (25 min.), entretien avec le cinéaste Nicolas Boukhrief. "Cop stories : les dessous des Flics ne dorment pas la nuit" (44 min.), entretien avec Joseph Wambaugh. Bande-annonce.
Citation
Oui mais il se passe autre chose cette fois-ci. Les interdictions. Les interdictions meurent. Les lois des mœurs disparaissent, puis les méfaits et les crimes. Pour se débarrasser du crime, il suffit de changer les lois. Aucune loi contre la vente de drogue, la drogue n'est pas un crime. Aucune loi contre les braquages, il n'y a plus de braqueurs. Combattre le crime devient très facile. Laissons les connards changer la loi et elle se débarrassera du crime. Ils ne peuvent pas se débarrasser du mal. Les lois changent, pas les hommes. On ne se débarrasse jamais du mal.