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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Laurent Bury
Paris : Gallmeister, janvier 2017
224 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-35178-152-4
Coll. "Neo Noire"
Meth de ploucs
Matthew McBride cultive de la marijuana thérapeutique en Californie et il a dû en abuser lorsqu'il a écrit Frank Sinatra dans un mixeur, avec un titre qui n'est pas sans rappeler une scène culte de Gremlins. Son premier roman était plaisant quoique avec un humour un peu forcé donc gratuit. Soleil rouge est d'un tout autre calibre dans la veine de la littérature américaine rurale qui a le vent en poupe. L'auteur imagine le très réel comté de Gasconade miné par la méthamphétamine. Dès le début, il plante un décor anxiogène : "L'argent était rare, et le patchwork rural du comté de Gasconade truffé de ploucs qui cuisinaient de la méth partout où ils le pouvaient." C'est dans ces conditions que deux shérifs adjoints débarquent aux abords d'un mobile home la peur au ventre et l'arme au poing. Ils viennent arrêter Jerry Dean Skaggs, un dealer violent absent pour l'occasion. Par hasard, l'officier Dale Banks découvre sous une épaisse couche d'un conglomérat litière-merde de chat cinquante-deux mille dollars qu'il subtilise il ne sait vraiment pas pourquoi. Il faut dire que Dale est l'un des deux ou trois seuls gars honnêtes du coin. Seulement, en prenant cet argent, Banks va déclencher un joli bordel meurtrier. Cet argent, Skaggs n'en est que le dépositaire car il a deux associés turbulents, l'un en prison qui deale pour lui grâce à l'intervention d'un flic pourri, l'autre sur les hauteurs qui prépare la drogue. Ce dernier, surnommé le Révérend, est la pire des crapules, figure obligée dans la lignée du révérend Harry Powell de La Nuit du chasseur, qui évoluerait dans une version très noire de Fantasia chez les ploucs, avec un charisme inexplicable et un goût prononcé pour le viol de mineures. À partir de ce moment, les uns cherchent à récupérer l'argent, d'autres à s'emparer d'un chargement d'ammoniac anhydrique, d'autres encore à prendre la place des autres, et d'autres enfin à remettre un peu d'ordre. L'ensemble survole de nombreux thèmes et est agréable à lire. Matthew McBride possède un vrai sens de la narration alimenté par une imagination fertile et cruelle avec laquelle il malmène tous ses personnages n'hésitant pas à en tuer une pelletée, mais toujours avec délectation : la justice monnaye toujours son prix. Amusant !
Citation
Dans sa tête, Banks avait le sentiment que tout était de sa faute à lui. Il devait tout arranger aux yeux de Dieu. Il ne voyait pas le meurtre comme une vengeance, mais comme un moyen de protéger sa famille. Tuer ce salaud de rouquin était un choix facile.