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Inédit
Tout public
Traduit de l'islandais par Éric Boury
Paris : Métailié, février 2017
979 p. ; 22 x 15 cm
Coll. "Bibliothèque nordique"
Embrouilles islandaises
Été 1941, pendant la Seconde Guerre mondiale : la ville de Reykjavík est en émoi car on attend la visite d'une personnalité de haut rang qui pourrait bien être sir Winston Churchill en personne. Après une tournée peu lucrative, le petit représentant de commerce Eyvindur Ragnarsson rentre chez lui auprès de Vera, sa compagne peu farouche, mais trouve la maison vide. Peu après, un cadavre est découvert avec une balle de Colt 45 dans la tête et le front barbouillé de son sang pour former une croix gammée. C'est Flovent (pas Erlendur, cette fois), seul enquêteur de la police criminelle du pays (!) qui est appelé à mener l'enquête, assisté de Thorson, Islando-Canadien recruté pour son bilinguisme. On soupçonne en effet un militaire des forces d'occupation (amicale !) américaines d'être le coupable. On croit d'abord que la victime est l'occupant des lieux, un certain Felix Lunden, mais la propriétaire déclare ne pas le connaître ! Il est fils d'un homme au passé nazi notoire soupçonné d'espionnage, sans doute sympathisant nazi lui-même, et on a trouvé chez lui une capsule-suicide de cyanure. Or il est lui aussi représentant de commerce, couverture idéale pour un espion désirant repérer des sites ou objectifs. Il connaissait sans doute la victime, puisque celle-ci détenait la clé de chez lui. Et on signale la disparition d'un homme, vite identifié comme étant Eyvindur, la victime du meurtre et ami d'école de Felix. Ils ont aussi des liens communs avec une ancienne infirmière scolaire autour de qui convergent bien des indices. À partir de là, ce sont les femmes qui mènent la danse, dans ce livre. Alors : espionnage, règlement de comptes familial, affaire de cœur ou autre chose encore ? Vous le saurez au bout de trois cents et quelques pages passionnantes jusqu'à la dernière.
Arnaldur Indridason a compris qu'il était temps qu'il prenne un peu de distance avec Erlendur et son obsession des disparitions en changeant de personnage d'enquêteur. Comme, par ailleurs, il n'a plus rien à prouver quant à l'art de conduire une intrigue (et qu'il le fait de nouveau avec brio), il peut consacrer ses efforts à soigner d'autres centres d'intérêt, dont trois principaux. Le premier, la génétique, rappellera à ses lecteurs le titre qui leur a permis de le découvrir : La Cité des jarres. Les deux autres sont plus nouveaux : il s'agit d'une part du rôle stratégique de l'Islande au cours de la Seconde Guerre mondiale et, d'autre part et de façon plus générale, du rapport des populations féminines avec des forces d'occupation, fussent-elles alliées. Voilà comment un policier bien ficelé peut s'avérer... un excellent roman, tout simplement.
Citation
J'ai quand même du mal à démêler le vrai du faux dans ces histoire d'espionnage, de contre-espionnage, d'agents doubles et de haute trahison. Les Islandais n'ont aucune expérience en ce domaine. Encore moins quand il s'agit d'y participer eux-mêmes, fit remarquer Thorson.