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Grand format
Inédit
Tout public
Paris : Lajouanie, janvier 2017
416 p. ; 19 x 14 cm
ISBN 978-2-37047-078-2
Coll. "Roman policier, mais pas que"
Cicatrices
Ça fait des années que je mets le monde en garde contre ça : les méfaits du sport sur la santé ! Prenez Olivier Bourrier par exemple, un vrai fondu ce mec-là, il se lève à l'aube pour aller courir. Tous les jours et par tous les temps, il enfile son jogging, et trotte ma poule. Et tout ça pourquoi ? Pour mourir à trente-huit ans ! Trente-huit ans, vous vous rendez compte ? C'est jeune, hein ! Bon évidemment, même si le sport c'est nocif, je ne vous cache pas que ce qu'il l'a surtout achevé, Olivier Bourrier, c'est le mec qui l'a rejoint pour lui passer une corde au cou. T'as beau avoir du souffle, quand on étrangle efficacement... Parce qu'attention, l'assassin c'est pas un tendre. Il lui en voulait perso, haineusement, comme un type qui cherche à se venger. Il a évoqué une nuit et une matinée où Bourrier aurait commis quèque chose de pas very beautiful. Il lui a même posé quelques questions sur une tierce personne qu'il recherche aussi, et sûrement pas non plus pour lui rouler une pelle. Enfin, bref, l'autre d'être allé courir comme un con dans les sous-bois, il n'en est jamais revenu. Et on l'a retrouvé dans un état tel que le commissaire William André a failli en dégobiller son caoua. Et pourtant, Dieu sait qu'il en a vu d'autres le père André... On ignore quelles étaient les ambitions du sieur Bourrier dans la vie, mais si c'était de ne rien branler, il a été exaucé en fin de parcours. Plus de pognes et plus de bite. Pour réussir à s'octroyer un petit plaisir solitaire dans ces conditions, faut être sacrément vicelard, moi, je vous le dis. En tous les cas, tout ça, ça fait une enquête à mener. William André s'en charge, accompagné de ses deux sbires, Delzongle et Simon, et de Alaoui et Goncalves, qui triment d'habitude avec la fascinante commissaire Bracq, Marianne de son prénom. L'action se passe à Besançon et Marianne, elle n'y est plus à Besançon. Elle traîne du côté de Concarneau (où se passe la seconde action). Elle enquête pour sa paroisse. Attend des infos sur son frangin qu'elle ne connaît pas et qui pourrait être un des enfants qui, quelques années plus tôt, a fait partie d'une vague d'enlèvements orchestrée par une secte. Elle n'est pas super bien en ce moment Marianne. Elle picole et fume beaucoup, ce qui est bien moins grave que de faire du sport, mais qui n'est jamais bon signe quand même. Elle espère et redoute à la fois de découvrir la vérité... Elle a raison de redouter.
Fabrice Pichon aime voir double. Dans Le Complexe du prisme, il alternait les chapitres sur le flic (c'était déjà Marianne Bracq) et les chapitres sur le tueur. Ici, il alterne donc les chapitres sur l'intrigue de Besançon et les chapitres sur l'intrigue de Concarneau, ce qui, de prime abord est un peu désarçonnant. J'ai eu un peu de mal à me laisser aller. Je savais que le voyage était commencé, je voyais défiler le paysage et d'un seul coup je me suis demandé si je ne m'étais pas gouré de train... Non, ne vous inquiétez pas, je suis bel et bien arrivé à destination. Fabrice Pichon est une valeur sure du roman policier. Simplement, il s'amuse un peu à nous faire peur, à nous embrouiller parce que c'est un grand farceur, mais la vérité c'est qu'il connaît parfaitement son numéro. Il maîtrise le style et les codes du polar, distille le suspense et les rebondissements, introduit intelligemment des notes d'humour entre des passages d'horreur, sait quand il faut accélérer, et ne boude pas son plaisir. Fabrice Pichon aime écrire, aime créer des personnages, aime dépeindre leur personnalité et fouiller leur intimité, aime composer des dialogues auxquels personnellement je ne changerais pas une virgule si on m'en demandait une adaptation cinématographique (comme je l'avais déjà dit dans une précédente chronique, celle sur Plusdeproblème.com, prenez ça pour une confirmation). Oui, mes amis, le Pichon nouveau est arrivé, alors plutôt que d'aller vous répandre sur une piste d'athlétisme à vous en faire un claquage, restez donc chez vous et lisez-le. Ça s'appelle Retours amers.
Citation
Une flaque de sang s'étend doucement sur le pavé. Un corps est coincé sous la calandre, Marianne sert contre elle le buste de la victime, lui parle, la rassure. Le capitaine cherche autour de lui un visage familier. Il aperçoit la silhouette de Vitrac qui disparaît dans la vieille DS garée à côté de sa voiture. Mais il s'en fout, il vient de comprendre ce qu'il ne peut voir. Il manque Oriane.