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Fight Girls. 1, Tokyo's tournament
Poche
Inédit
Tout public
238 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 979-10-92100-53-2
Coll. "Dirty Girls"
Rendez-vous en terre inconnue
Le MMA (comprenez Mixed Martial Arts) est un sport de combat dans lequel tous les coups (ou presque) sont permis. Sa compétition est interdite en France, mais il y est quand même pratiqué, soit sous couvert d'exhibition, soit en détournant habilement son appellation, et quelques adeptes ont leur licence dans des clubs. C'est le cas de Jess et Shayma qui évoluent à Colombes. Les deux "lutteuses" sont comme deux frangines. Un soir qu'elles se changent après un combat qui a vu, exceptionnellement, la victoire de Jess, elles voient débarquer des Jap's dans le vestiaire. À leur tête, l'énigmatique, et non moins inquiétant, Kenta Kimura. Celui-ci leur apprend qu'elles ont été sélectionnées pour un tournoi féminin qui va se dérouler en juillet au Japon, et les deux amies s'embarquent pour le pays du Soleil Levant (pays pour lequel Jess a une véritable fascination, à tel point qu'elle en possède des notions linguistiques).
Arrivée sur place, la première chose qui étonne Jess c'est que toutes les combattantes sont françaises, la deuxième c'est que le versant touristique du séjour va être restreint (en même temps, elles ne sont pas là pour ça), la troisième c'est que le comportement de Kimura est réellement étonnant (principalement avec elle, avec qui il alterne le chaud et froid, l'attention et la surveillance, la prévenance et la menace). La compétition va très vite commencer et une équipe médicale plutôt discrète quant au traitement qu'elle administre aux jeunes femmes (essentiellement à base de piqûres) prend les choses en main. Jess commence à ressentir des effets très bizarres. Elle vomit beaucoup et dort peu. Elle aimerait en parler avec Shayma, mais le règlement interdit aux "concurrentes" de s'adresser la parole… Le tournoi commence avec les premières confrontations. Le "ring" est dans un lieu clos, une cage de verre, sans spectateurs. Kimura, dont il ne fait aucun doute qu'il sait se battre, arbitre. Dans l'ombre, un mystérieux "Homme sans nom" regarde Jess affronter sa première adversaire. En la voyant triompher, il se dit qu'il ne s'est pas trompé...
Au moment où j'ai ouvert ce livre, je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre. N'étant absolument pas un fan des sports de combat quels qu'ils soient, j'avais même un peu peur de m'emmerder ferme. Mais on entre très facilement dans le roman et on y reste sans se forcer. Bien évidemment, l'histoire ne se joue pas en un round et nous emmène bien au-delà des limites du tatami et de la compétition, dans les noires contrées du thriller pur et dur. Il y a un vrai ton, tenu, un style simple, efficace, brute, qui va à l'essentiel, un parti prix féminin qui ne s'égare pas dans ce que le féminisme a de plus ennuyeux, c'est-à-dire s'imposer coûte que coûte, un personnage principal, Jess, fort, séduisant, sympathique, fédérateur, vivant (et naturellement féministe), un univers dans lequel l'auteur fait se côtoyer ses passions pour le sport et le Japon sans brider son imagination et son goût du romanesque policier. Romanesque policier qu'elle semble maîtriser avec une étonnante facilité. On dirait que Marie-Alix Thomelin s'est levée tous les matins pour se mettre derrière son clavier et écrire un chapitre avant de vaquer à d'autres occupations, et tout ça sans se faire une entorse à l'index (oui, je n'écris qu'avec seul doigt ! Et alors ?) L'histoire semble couler toute seule de page en page avec une simplicité déconcertante, comme si elle avait toujours été là et qu'il n'y avait eu qu'à la coucher sur le papier. Il n'est pas donné à tous les romanciers de pouvoir donner cette impression car, bien évidemment, ce n'est qu'une impression. La simplicité (apparente) est une grande qualité. Même si certains vous diront le contraire, vous affirmeront que l'on reconnaît un bon écrivain au fait qu'il ponde des bouquins avec des passages (quand c'est pas l'intégralité) ennuyeux à s'égorger à l'aide d'un tournevis cruciforme (et croyez-moi faut vraiment au bout du rouleau pour en arriver là). En attendant, moi, c'est avec tous ces romanciers, que l'on appelle péjorativement "romanciers de gare " (parce qu'ils écrivent simplement des romans policiers, et que l'on peut se contenter de les lire dans un train) que j'ai passé mes plus belles heures de lecture. Et ce n'est pas Marie-Alix Thomelin qui me fera changer d'avis !
Citation
Dans l'esprit des deux jeunes femmes, le combat a déjà commencé. Elles se dévisagent d'un air mauvais. Plus la moindre lueur amicale ou seulement complice au fond de leurs regards devenus durs et froids. Elles sont désormais de simples adversaires, des ennemies. Une seule en sortira vainqueur.