Contenu
Poche
Réédition
Public averti
Traduit de l'anglais par Philippe Reilly
Paris : Points, mars 2017
346 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-6378-7
Coll. "Policier", 4526
Meurtre (en anglais) dans un jardin islandais
Reykjavík, printemps 2008. Après un très bref prologue sur un corps de femme semi-dénudé gisant dans la neige (l'agression sera détaillée au cours d'une multitude de très brefs chapitres), nous faisons la connaissance d'Ari Thór Arason, vingt-quatre ans, pas encore diplômé de l'école de police qu'il a finalement choisie plutôt que celle de théologie qu'il avait d'abord envisagée, et sa petite amie Kristín, en cinquième année de médecine. Ari Thór a perdu sa mère, violoniste, dans un accident de voiture, alors qu'il avait treize ans, et son père s'est volatilisé. Il accepte un poste à Siglufjörður, à l'extrême pointe nord du pays, au grand dépit de Kristín qu'il n'a pris ni le temps, ni la peine de consulter, avec entrée en fonction à l'automne. Il est alors accueilli de façon fort sympathique par ses collègues, Tómas, son supérieur, et Hlynur. Et il prend des leçons de piano auprès d'Ugla, jeune femme venue là depuis les fjords de l'Ouest pour échapper au souvenir d'Ágúst, son petit ami, tué au cours d'une bagarre. Une troupe d'amateurs dont les membres nous seront présentés tour à tour monte alors une représentation mais, le 9 janvier 2009, Hrolfur Kristjansson, célébrité littéraire nationale (assez portée sur la boisson et querelleuse, à vrai dire) est retrouvé mort au pied d'un escalier du théâtre local. Cet accident n'aurait-il pas été un peu provoqué ? Deux jours plus tard, quelqu'un s'introduit nuitamment chez Ari. Et, quelques jours plus tard encore, un enfant découvre le corps inanimé d'une femme dans la neige de son jardin. C'est Linda, femme de Karl, l'un des acteurs de la pièce. Le couple a jadis vécu au Danemark et a l'habitude de se disputer. Dans une si petite localité – et de plus coupée du monde par une tempête de neige – le ou les coupables sont forcément à portée de la main. Il va donc falloir fouiller dans le passé de la population. Mais un crime peut en cacher un autre et l'auteur n'a pas traduit Agatha Christie pour rien. Au-delà d'une intrigue bien menée, ce qu'il y a de plus appréciable dans ce roman, c'est qu'il refuse la pratique si fréquente actuellement de nous asséner un coup de théâtre par chapitre, et prend le temps de dessiner tout un paysage moral, bien entendu, mais aussi géographique (en insistant sur sa sévère beauté) et même de regarder la neige tomber sans nous ennuyer. Les réticences que l'on peut avoir sont plutôt d'ordre éditorial. Tout d'abord une traduction effectuée à partir de "la version anglaise, d'après l'islandais" (ah qu'en beau charabia ces choses-là sont dites !). Et ensuite le fait de présenter l'auteur comme "découvert par l'agent de Henning Mankell". Il serait difficile de rabaisser plus ouvertement son propre auteur au profit du maillon le plus commercial de la chaîne éditoriale !
Citation
Il regarda par la fenêtre. Il avait un jour de congé. Il s'assit un instant et observa la chute inexorable des flocons. Le manteau de neige enflait à vue d'œil, et l'obscurité gagnait tout.