Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jérôme Harraps
Paris : J'ai lu, février 1983
252 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-27-721430-4
Coll. "Roman policier", 1430
Hallucinations collectives
Le Miroir obscur est la huitième enquête du Dr Basil Willing, un psychiatre rattaché au District Attorney de New York dans les années 1940. Son titre original Through a Glass, Darkly, est un passage tiré de l'Épitre aux Corinthiens de Saint Paul, et l'intrigue du roman va aller puiser du côté de la dualité, de fantômes, de Doppelgänger, de schizophrénie (sans que le terme ne soit clairement utilisé), de manipulation, de croyance et de sorcellerie : autant de thèmes qui ne peuvent que ravir un psychiatre ! Dans cette enquête, Faustina Crayle est une jeune professeur d'histoire de l'art qui enseigne dans une école pour filles très huppée. Brereton est dirigée par la très rigide Mrs. Lightfoot. L'ambiance du début d'année scolaire semble au beau fixe, pourtant Faustina sent les regards dans son dos de la part des élèves, des professeurs et des domestiques. Arrive l'inéluctable : elle est renvoyée avec six mois de salaire sans savoir le motif. Seulement, elle a déjà été renvoyée d'une précédente école. L'une de ses collègues enseignantes, Gisela, fiancée au Dr Basil Willing, s'est prise de commisération et en parle à l'éminent psychiatre. Celui-ci accepte de rencontrer Faustina et d'enquêter sur son histoire avant qu'elle ne sombre dans la folie. L'histoire est surnaturelle : il s'avère que plusieurs personnes dignes de foi ont vu Faustina à deux endroits en même temps suivant en une analogie surprenante l'histoire d'une enseignante, enfant illégitime, à Volmar, celle de Mlle Sagée. Or Faustina ne le sait pas mais elle est l'enfant illégitime née d'une liaison entre une courtisane française et un riche homme d'affaires américain, tous deux aujourd'hui décédés. Les croyances et les peurs vont donc bon train. Et quand l'une de ses anciennes collègues meurt dans un escalier de pierre le cou brisé, les mauvaises langues font bonne fortune. Pour Basil Willing, un homme de sciences, il y a forcément supercherie. Alors une seule question se pose : à qui profite le crime ? Seulement, le temps presse... Helen McCloy distille son suspense avec beaucoup de maitrise dans un roman très érudit qui cite à bon escient Euripide et Goethe (dont elle féminise le nom du personnage de Faust). Bien pire encore, elle laisse le lecteur dans un état d'incertitude avec une fin terriblement ouverte qui sonne comme un aveu d'échec pour son détective. Ingmar Bergman dans un film éponyme qui n'a rien à voir avec le roman mais qui emprunte également à l'Épitre aux Corinthiens traitera également de schizophrénie. Helen McCloy, publiera en 1974 le très bon La Somnambule, réédité chez Rivages, réutilisant deux des thématiques du présent roman. Une autre Hélène, Oswald, avec son mari Pierre-Jean, donnera à l'une des plus prestigieuses collections de romans policiers le nom de "Miroir obscur", et publiera deux aventures du Dr Basil Willing. Les autres demeurant malheureusement non traduites...
Citation
Vous pourrez toujours changer votre testament plus tard, si vous vous mariez ou si vous vous faites de nouveaux amis. Mais quand on semble menacé comme c'est votre cas, par un ennemi inconnu, il ne faut pas risquer de mourir intestat. Car alors vous ne savez absolument pas qui peut profiter de votre mort.