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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Claude Demanuelli, Jean Demanuelli
Paris : Sonatine, mars 2017
246 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-35584-555-0
Dans la moiteur de l'été
Les pires mensonges que l'on puisse faire, ce sont ceux que l'on se fait à soi-même. C'est autour de cette thématique que Claude Chabrol a sans doute construit une grande partie de son œuvre. Généralement, les personnages sont choisis dans cette frange de la moyenne ou haute bourgeoisie qui sait se déchirer avec élégance. C'est un peu le même cadre qui sert de trame à ce troisième roman de l'Anglais James Lasdun avec un trio de personnages qui s'affrontent en un huis-clos. Il y a tout d'abord Charlie, un riche banquier qui a effectué une partie de ses études en Angleterre chez son cousin Matthew. Ils ont d'ailleurs des souvenirs un peu différents de ce qu'ils ont vécu sur place. Il y a ensuite Matthew, qui a vu son père disparaître en volant ses clients et le jeune homme est venu vivre aux États-Unis, où il vivote comme cuisinier. Enfin, il y a Chloe, la femme de Charlie. Pendant un été, Matthew, Charlie et Chloe se retrouvent ensemble pour profiter des vacances dans une maison retirée dans les montagnes. Mais les choses se compliquent lorsque Matthew surprend l'épouse avec son amant...
Le roman décrit avec soin, principalement à travers le regard de Matthew, les non-dits de cette cousinade, de cette comédie de boulevard qui, lentement, va virer au cauchemar. Comme chez Claude Chabrol, James Lasdun prend son temps, décrit ses personnages, développe des micro-actions, tisse une toile où viennent se coller ses personnages. Chacun des trois protagonistes centraux est complexe, empli de contradictions, vivant sur ses mensonges. Le clair-obscur qui entoure Matthew et qui dévoile un personnage, que l'on imagine surtout issu des pages d'un roman de Patricia Highsmith, constitue le cœur d'un récit assez lent, prenant son temps pour approfondir la psychologie des acteurs du drame qui va se nouer. Comme parfois chez Joyce Carol Oates ou Ruth Rendell, ce soin méticuleux assorti à ce souci du détail permettent de créer une atmosphère spéciale, où chaque geste peut devenir une menace grave, où chaque parole peut déclencher un crime, où l'on voit bien comment l'on est sans doute le pire juge de soi-même.
Citation
Elle lui sourit - il se rendit compte qu'il l'observait depuis un bon moment -, et il lui rendit un sourire dont il espérait qu'il lui insufflerait un peu de force, ou du moins le sentiment du danger qu'elle leur ferait courir à tous deux si jamais elle perdait son sang-froid.