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Pénitence
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Écosse) par Philippe Bonnet
Paris : Le Masque, février 2017
460 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7024-4111-4
Coll. "Grands formats"
Houston, on a un problème
Si l'on connaît principalement Philip Kerr pour sa série de romans policiers historiques mettant en scène Bernie Gunther, et si dernièrement une série autour du monde du football a vu le jour, il ne faudrait pas oublier que l'auteur s'est d'abord fait connaître il y a bien longtemps par des livres uniques qui évoquaient des thèmes futuristes ou philosophiques. Avec son titre hautement évocateur, Pénitence, il n'est guère difficile de comprendre quel va être l'enjeu de l'intrigue proposée. Qui plus est, l'action se situe au Texas, un endroit où les groupes religieux et les prédicateurs exaltés prolifèrent. Mais le début du roman se situe en Écosse, terreau de l'auteur, avec les débuts religieux de celui qui va devenir le centre de l'intrigue dans la suite du livre.
Tout commence sans anicroche pour Gil Martins. Il a une jolie femme, un enfant doué et un travail qui lui plaît. Il bosse pour le FBI à Houston au Texas, et est chargé de suivre les groupes terroristes qui menacent la paix civile. En même temps, les choses qu'il voit régulièrement l'ont fait douter de l'existence de Dieu, ce qui commence à le mettre en porte-à-faux avec son épouse. L'enquête qu'il commence à mener va provoquer une prise de conscience. Un évêque, vieil ami de sa famille, lui transmet un gros dossier : des intellectuels américains qui mettent en doute l'existence de Dieux, ont sombré dans la folie, se sont suicidés ou sont morts dans des accidents étranges. En fouillant un peu, Gil Martins découvre qu'un prédicateur, le nouveau maître à penser de son épouse (enfin, devant son athéisme, elle veut demander le divorce) est peut-être derrière ces meurtres.
Pénitence est le récit d'une conversion ou d'un retour aux sources. Si les deux premiers tiers du roman s'inscrivent dans le cadre d'une enquête classique, avec fausses pistes, témoins qui se rétractent, preuves complexes et assassinats, le final change complètement la donne, ouvrant la part belle à une suite de scènes horrifiques maîtrisées. Attention, pas de gore avec des démons velus, mais une montée subtile de l'angoisse dans une maison abandonnée, avec bruits suspects, petits détails qui provoquent la peur, etc. Ce fantastique très classique crée une tension forte qui va prouver bien des choses à Gil Martins, mais pas forcément les choses que l'on pourrait attendre. La solution finale que propose Philip Kerr est extrêmement subtile et fine, à l'instar d'un roman qui sait doser son suspense, fait monter lentement la tension et le suspense, pour exploser dans un final tel un feu d'artifice. Servi par un personnage central, dont les doutes et les idées évoluent sous nos yeux avec force, Pénitence révèle une maîtrise narrative impressionnante. Les amateurs de romans policiers très classiques seront sans doute un peu décontenancés par la fin, qui ne se contente pas de dénoncer un univers régi par le religieux mais propose une interprétation plus étrange même si extrêmement logique.
Citation
Beaucoup de Texans ne croient pas en Dieu. Vous ne l'aviez pas remarqué ? Raison pour laquelle nous avons tellement d'armes à feu. Au cas où il n'existerait pas.