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Dans la brume des jours enfuis
Ceux qui s'attendraient à des meurtres en pagaille, des tueurs en série et autres joyeusetés du même acabit, peuvent passez leur chemin. Car Claude Amoz n'est pas faite de ce bois-là ! Ses intrigues sont bien plus venimeuses, ses détours plus pervers. Dans La Découronnée, tout débute par un échange d'appartement entre deux frères, qui va réveiller des faits anciens. Durant la guerre, une jeune femme a été arrêtée. Quelqu'un en a profité pour s'enfuir avec le landau dans lequel se trouvaient ses enfants. Le ravisseur voulait-il les enlever ou bien les protéger ? On ne le sait pas. Toujours est-il qu'ils ne furent pas rendus... Et tout pourrait s'envenimer à partir de cet événement. Nous sommes en effet à Viâtre, une petite ville au bord du Rhône, où chacun cache des secrets. Il y a une vieille femme qui a élevé les deux frères, mais elle est âgée et son français est plus qu'approximatif. Il y a également une jeune fille qui se remémore les disputes violentes de ses parents. Il y a surtout l'un des frères qui décide de changer un élément du mobilier de son nouvel appartement, et ce changement crée d'énormes perturbations car il révèle que l'espace dans lequel le meuble se trouvait était une alcôve...
Le récit de Claude Amoz va avancer ainsi, cahin-caha, dans des virevoltes stylistiques éminemment maîtrisées, dans des petits éclairages sur un détail, avant de basculer sur un autre petit indice. Rien n'est clairement dévoilé, à l'instar de la couverture qui montre ces villes de bord de Rhône, envahies par la brume, comme des personnages dont les lunettes s'embuent ou bien qui sont sous l'effet de calmants qui troublent la vision. Au fil de l'intrigue, des pans de brume se soulèvent et retombent, des pistes s'ouvrent pour mieux se dérober. Seuls quelques pages de vieux journaux, tangibles, semble matérialiser une histoire qui se perd dans le brouillard, les souvenirs. Les effets gore en moins, on se sent dans le meilleur équivalent d'un film de David Lynch, dans cette zone grise où chacun essaie de défendre son pré carré, où la peur de donner une réponse tranchée existe fortement. La Découronnée est servie par une écriture au cordeau, restituant jusqu'au vestige ce sentiment d'étrangeté, avec une force peu commune, pour un roman qui, comme un sommet peu accessible, se mérite.
Citation
Mais tu ne comprends pas, toi qui voudrait me rappeler. Le retour, c'est ici. Je suis de retour ici, à la maison.