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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Reignier
Paris : Albin Michel, mai 2017
540 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-226-32401-6
Coll. "Thrillers"
Coma dépassé
Carl Vandermeer est un jeune et brillant avocat de Charleston, Caroline du Sud. Sauf qu'il s'est déchiré un ligament lors d'un match de basket amical entre avocats férus de sport... S'il veut continuer à s'entraîner, il n'a pas d'autre solution qu'une intervention chirurgicale. Ce qui est gênant pour lui qui a la phobie de l'univers médical ! Phobie qui s'avère prémonitoire lorsqu'on le confie à l'équipe du docteur Weaver, dont l'anesthésiste Sarah Wykoff... Car Carl ne se réveille pas ! Un coma incompréhensible qui pousse sa fiancée Lynn Peirce, elle-même future orthopédiste, à s'y intéresser de plus près. Elle découvre que le cas de Carl est loin d'être isolé et que l'hôpital Middleton envoie tous ses comateux dans un institut Shapiro qui semble bien sinistre. Et si tous ces "cas uniques" n'avaient rien d'accidentel ? Et si tout ceci était orchestré par Sidéréal, une firme de recherches biomécaniques affiliée à Middleton ?
Il y a quarante ans que Robin Cook (l'Américain, à ne pas confondre avec feu l'auteur de J'étais Dona Suarez», obligé de signer Derek Raymond en Anglo-Saxonie pour cause d'homonymie) usine du thriller médical, genre qu'il a quasiment créé à lui tout seul (quitte à se faire doubler par la suite par d'autres auteurs, comme le trop oublié aujourd'hui disparu Michael Palmer), avec quelques rares incartades comme Sphinx, pur roman d'aventures égyptiennes. Mais là, même ses fans ont eu du mal à avaler la pilule... D'abord, le tout n'est qu'un remake à peine déguisé de son propre Coma de 1977, copiant — mal — la scène finale popularisée par le film de Michael Crichton, ce qui fait que tout est douloureusement prévisible. Ensuite, les personnages sont du niveau téléfilm - Lynn ne semble guère s'émouvoir de voir son ami dans le coma, se voyant même libre de prolonger ses études dans une autre ville, et elle s'avère d'une naïveté sans faille. Quant à son ami Michael, noir de peau — on tient à nous le rappeler régulièrement —, malgré toutes les bonnes intentions de l'auteur, il relève du stéréotype ethnique (fait que la traduction, irréprochable par ailleurs, semble avoir judicieusement atténué). Et, bien sûr, ces braves gens peuvent s'introduire sans problème dans toutes les salles d'hôpital, quitte à effectuer une petite opération au débotté puisqu'ils passaient par là (non, votre humble serviteur n'invente rien...), échapper sans problème aux méchants russes (toujours des étrangers pas-d'chez-nous, bien sûr) et s'aventurer dans un centre ultra-secret et tout et tout qui semble dépourvu de toute sécurité, ce qui passe mal en 2017. Le pire, c'est qu'après des longueurs interminables, entre dialogues ampoulés énonçant des termes scientifiques pompeux et passages inutiles (l'extrait de journal en prologue, que'on pourrait retirer sans problèmes), la conclusion est précipitée : on appelle la police et, hop !, tout est bouclé jusqu'au happy-end... mais aussi un ultime rebondissement qui invoque une suite bien inutile. Rien à sauver, à part peut-être, la magnifique couverture : mieux vaut relire le Coma originel plutôt que cet auto-plagiat indigeste.
Citation
Aux yeux de Benton, Josh Feinberg n'avait guère la dégaine d'un président-directeur général de haute volée. Ni même d'un docteur en médecine. C'était un homme menu, au visage émacié et sinistre, aux yeux de fouine, qui ressemblait davantage à un vendeur de voitures d'occasion un peu escroc sur les bords qu'à un dirigeant de groupe hospitalier.