Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
290 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-265-11649-8
Coll. "Fleuve noir. Thriller"
Fort maté
Quadragénaire chic et choc, Vincent Dussart s'apprête, après une dispute, à reconquérir son épouse Chloé. Mais lorsqu'il arrive dans sa maison de la cité Franchomme, à Lille, il trouve Chloé assassinée et Quentin, leur fils âgé de quelques mois, a disparu. Toute la DIPJ de Lille se met aussitôt en branle sous la direction du commandant Albert Lazaret, enquête menée par le capitaine Mathilde Sénéchal, assistée des lieutenants Frank Sqalli et Damien Delage. Une enquête qui va mettre à jour tous les secrets d'un quartier résidentiel comme les autres, mais qui nourrit en son sein ses propres monstres. Mais quel rapport avec un ancien policier ariégeois en quête d'un ours insaisissable chez qui ce fait divers rappelle de lointains souvenirs ?
Il est facile de reprocher à un auteur de quitter le "petit" éditeur qui l'a fait connaître pour passer chez un "gros" (surtout chez les consommateurs des romans de James Patterson, Maxime Chattam et autres têtes de gondoles...). Qui n'a pas envie d'avoir de meilleure diffusion ? D'être invité à davantage de salons ? D'être nommé à des prix ? De figurer parmi les "Coups de cœur du libraire" ? Lorsque l'on impose un darwinisme verrouillé où seuls les "gros" ont le droit d'exister ("gros" qui, un jour, furent des "petits ", et qui ne le seraient pas devenus dans le système mis en place, mais passons...), difficile de reprocher aux auteurs de jouer le jeu... Mais passés les faux procès, on a l'impression que, comme Marie Neuser avant elle, l'auteure est passée par un formatage en règles. Exit le commandant Pierre-Arsène Léoni, place à Mathilde Sénéchal, Policière Luttant Contre Ses démons™ et qui a la phobie depuis l'enfance des odeurs de menthe : un trait particulier définissant un personnage, pas de doutes, on frôle le bouldhum cher aux téléastes. C'est un peu tout ce qu'on en saura, tout comme des myriades de personnages qui gravitent autour de l'enquête et ne faisant parfois qu'y passer au terme des incontournables chapitres courts. Inutile de dire qu'il faut un papier et un stylo pour retenir qui est qui, d'autant que le tout est rédigé dans une langue intériorisée, sans l'ombre d'une description, lissant même les articulations du récit histoire de ne pas trop dérouter les consommateurs de séries téloches, préférant des points de vue pas inintéressants, mais bien trop nombreux. Le tout passe donc d'une scène à l'autre, sans aspérités, si bien qu'au final on est incapable de dire ce qu'on a lu exactement tant les personnages et les événements se succèdent sans que l'on puisse s'accrocher à quelque chose. Du coup, la conclusion, intéressante et caressant le fantastique, semble arriver au bout du nombre de pages requis. Cela dit, Éléna Piacentini n'est pas devenue Lisa Gardner, et la langue reste cent coudées au-dessus de l'usineur de thriller industriel moyen avec des passages carrément poétiques qui risquent de désarçonner une partie du public visé, celui des têtes de gondoles précitées (littérature, prise de tête, tout ça...). Attention : ce n'est pas mauvais, mais il est des auteurs chers à nos cœurs dont on attend beaucoup, peut-être un peu trop. Mais nul doute que les prix, les coups de cœur du libraire et toute la grosse mécanique feront le reste... Et que les lecteurs de k-libre (qui, comme chacun le sait, sont mieux informés que le reste du monde) se rassurent, ce n'est pas la fin de la série consacrée au commandant Pierre-Arsène Léoni...
Citation
Sous son déguisement de taiseux tissé pour tenir à distance les importuns, le quadragénaire est un grand bavard. Par les cirques, les crêtes et les moraines, en toute saison et par tous les temps, il cause, mais en dedans. Il adresse des messages silencieux à la montagne. Elle lui répond avec le seul langage qu'elle connaisse. Fleurs, torrents, bêtes, nuages, rocs et brumes, voilà son vocabulaire, et la patience, sa grammaire.