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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Samuel Sfez
Arles : Actes Sud, juin 2017
340 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-330-07828-7
Coll. "Actes Noirs"
À la fin les losers gagnent
Le récit s'ouvre de manière mystérieuse, un peu à la Chapeau melon et bottes de cuir, ce qui pourrait apparaître comme extrêmement normal car l'action se situe en Angleterre. Dickie Bowe est un ancien espion qui a été retrouvé mort dans un bus, mais Jackson Lamb, l'un de ses anciens amis, par ailleurs chef d'un département improbable qui répond au nom de la Maison des tocards, fouille partout et découvre que ce dernier a laissé un message sur son téléphone portable, caché dans le siège du bus où il a trouvé la mort. Jackson Lamb a de quoi s'occuper de cette affaire puisqu'il est à la tête du service qui regroupe tous les bras cassés des différents services. Dans l'incapacité de les licencier, les maîtres espions sont regroupés là, avec des missions sans intérêt ou de la compilation de données tellement ennuyeuse que l'on espère qu'ils démissionneront. Pourtant, les membres du groupe rêvent de redevenir actifs. C'est donc avec plaisir que deux d'entre eux sont détachés pour une mission de confiance, mission qui s'avèrera périlleuse. En parallèle, les autres agents vont travailler sur l'affaire lancée par le téléphone portable du mort : retrouver un réseau dormant d'espions russes, cachés en plein cœur de l'establishment britannique et peut-être vivant en "communauté" dans un petit village colonisé et où certains ont peut-être même oublié qu'ils étaient des taupes - ce qui continue dans la veine so British incarnée par John Steed et Emma Peel.
Servi par un humour pince-sans-rire, le groupe des losers entreprend sa quête, dans un environnement qui allie la tradition britannique : petit village avec pub et cottages, jardins bien entretenus et clocher qui sonne les heures sous le regard d'un pasteur, et la vitalité actuelle de l'île : City moderne de Londres avec Russes capitalistes qui viennent investir et se promènent en hélicoptères, immeubles hyper-modernes, lieux de pouvoir et de séduction... Le tout implique des plans machiavéliques cachés dans d'autres plans machiavéliques et autres coups tordus prévus des années plus tôt. En plus, Mike Herron se livre à une description mordante des services secrets plus occupés à des luttes de pouvoir internes qu'à la protection de leur pays, avec un art de l'understatement poussé. C'est joliment jouissif !
Citation
Si vous viriez un inutile, il vous attaquait pour discrimination. Le Service les avait donc parqués dans une annexe perdue où on les abreuvait de paperasse, du harcèlement administratif pour les pousser à la démission. On les appelait les Tocards. Les Ratés. Les Losers.