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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol (Cuba) par Olivier Hamilton
Paris : Asphalte, octobre 2017
256 p. ; 20 x 15 cm
ISBN 978-2-918767-74-9
Coll. "Fictions"
Commanditaires mal intentionnés
Le roman noir cubain se porte bien, et Vladimir Hernández, même s'il habite depuis plus de quinze ans à Barcelone, conforte ce constat avec un roman certes classique mais tout en action sur fond de vengeance, et rendu exotique par cette île contrastée. Le postulat de départ est un peu celui de Drive, de James Sallis (un individu qui fuit la violence mais qui est contraint d'y avoir recours pour se sortir d'une situation inextricable) : un homme, appelons-le Mario Durán, ingénieur brillant, a trafiqué des accès Internet avec Rubén, son meilleur ami, pour arrondir les fins de mois. Arrêtés, ils ont été incarcérés dans une prison sordide et ordinaire où les caïds font la loi avec moult coïts sodomites. Des gens bien intentionnés anticipent leur sortie de prison afin de bénéficier de leurs compétences pour le casse du siècle et du siège d'une entreprise : ils veulent récupérer ce qui se trouve à l'intérieur d'un coffre-fort. L'histoire est rondement menée, et se déroule sans accrocs jusqu'à ce que les commanditaires décident d'éliminer tous ceux qui pourraient les mener jusqu'à eux. C'est ainsi que Durán se retrouve dès le début, dans le prologue, enterré avec le cadavre de son meilleur ami. La vengeance est un congri qui se mange froid. Pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, c'est le plat national cubain avec oignons, riz blanc, haricots noirs et lard. Donc, la vengeance se mange froid, et les commanditaires vont déguster tout du long de ces deux cent cinquante pages bien tassées et tout en adrénaline. Durán a été dans sa jeunesse habitué aux armes à feu par son père qui aujourd'hui se meurt dans son appartement, sur sa chaise roulante avec sa poche d'urine. Donc, il récupère un Colt Python et une Winchester, il emprunte une vieille Lada à la batterie défaillante, et il part à la recherche de l'homme invisible, celui qui est tout en haut de la hiérarchie des commanditaires, pour lui faire déglutir son dernier soupir. Et puis il y a Dunia, la jeune et jolie Cubaine, qui veille sur son père à lui en raison de l'aide que celui-ci a donné à son propre père en Angola pendant que tous deux étaient dans l'armée. À elle seule, elle incarne cette jeunesse cubaine qui rêve d'un ailleurs qui lui est proscrit de par son lieu de naissance : née en province, elle est obligée de vivre dans la clandestinité de la capitale cubaine. Elle et Durán vont faire la paire, mais elle ne le changera pas et réciproquement. Durán n'a pas aimé être doublé (c'est un euphémisme qui donne Durán Durán...), et inlassablement il remonte la piste en punissant ceux qui croisent son chemin. Mais c'est également un romantique avec une certaine intégrité implacable. On se doute qu'il y aura dans ces conditions un final sauce western. Il se déroulera au paradis des indigents, El Paraíso. Durán est un vengeur froid, c'est un indomptable !
Citation
Durán se retourna vers le coffre et contempla à nouveau son contenu. De l'argent. Des dollars. En liasses. Beaucoup. Il allait avoir besoin de deux grands sacs pour emporter tout ça. Dans les films d'action, on en voyait davantage encore mais, à son humble niveau, ça lui semblait déjà obscène.