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Quelques heures à tuer
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Alain Defossé
Arles : Actes Sud, juin 2017
256 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-330-07824-9
Coll. "Actes Noirs"
Dans l'inquiétante normalité du couple
Lorsque l'on est jeune, on voit souvent la vie de couple de manière assez idyllique. Les débuts sont toujours charmants, puis la vie rabote les ailes et les espérances, et les choses se compliquent. Hannah sortait d'une déception amoureuse et Lovell semblait un gars sympathique. Effectivement, il est gentil mais, accaparé par son travail, il lui a délégué toutes les taches domestiques. Les enfants grandissent et l'adolescence est une période tendue. Après une dispute plus forte que les autres, Lovell part au travail. Quand il rentre, le soir, Hannah n'est pas là et personne ne sait où elle est passée. La police prévenue surveille un peu ce mari, car après tout, il ferait un coupable idéal. Lovell en profite pour se poser des questions sur sa vie et tente de faire face au quotidien. En parallèle, nous allons suivre par une suite de flashbacks, la journée où Hannah a disparu, de son point de vue.
Comme on le voit avec ce résumé sommaire, le roman n'est pas stricto sensu une énigme policière. Si nous aurons effectivement au final le sort échu à l'héroine, ce point n'est pas au cœur de l'intrigue. Quelques heures à tuer est servi par une suite de retours en arrière, par un mélange constant entre le passé des deux personnages, le présent avant la disparition et la façon dont le mari doit continuer après cette disparition. C'est également l'occasion de plonger le lecteur dans les méandres de la psychologie des deux personnages, dans les impasses d'une vie, dans la façon dont les rêves se brisent face à la dure réalité, et surtout à l'usure normale du temps. Quand, en plus, le point de départ de la relation est faussée - car chaque partenaire voit dans le couple des choses différentes -, forcément, ça coince. Le récit de la dernière journée de Hannah, entre rêverie et dans une sorte de brume, stylistique prenante, contraste avec la façon dont Lovell essaie de continuer à fonctionner dans la normalité entre deux enfants, dont une jeune fille, aux désirs compliqués. Roman de facture très classique, jouant énormément sur l'aspect psychologique et l'intériorité des personnages, plus que sur la partie policière, Quelques heures à tuer, de Heidi Pitlor, est une belle réussite. Les amateurs des romans durs de Georges Simenon devraient apprécier.
Citation
Sur le parking du supermarché, il sentit quelque chose céder en lui,ce poids, ce nœud de pierre qui le lestait, le tourmentait depuis des mois. Il y avait dans ce dernier jour d'Hannah des instants qu'il ne voulait ou ne pouvait saisir, ni même concevoir.