Nuit sans lune au Waziristan

Dos à la ville, paumes offertes de chaque côté du corps, les épaules éternellement haussées, la Madone accueillait chaque nouvel arrivant dans une pose qui semblait dire : Bienvenue à Edson. Mais désolée, je n'y suis pour rien.
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Contenu

Roman -

Nuit sans lune au Waziristan

Ethnologique - Enlèvement - Terrorisme - Corruption MAJ mercredi 01 novembre 2017

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

S. Mausoof
The Warehouse - 2016
Traduit de l'anglais (Pakistan) par Benoîte Dauvergne
La Tour-d'Aigue : L'Aube, mars 2017
316 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-8159-1512-0
Coll. "Noire"

Coupe en vue d'une société malade

L'histoire commence comme un polar classique avec un détective miteux dans un bureau pourri, avec une secrétaire mal payée, qui reçoit la visite d'une ancienne maîtresse. Cette dernière a besoin de ses services pour s'occuper d'une affaire car si sa compagnie a reçu de l'argent pour une réassurance occidentale d'un bâtiment, le propriétaire dudit bâtiment refuse de son côté l'indemnité que la compagnie veut lui offrir. Et cela ne serait pas conforme aux préceptes musulmans ! Le détective doit aller sur place et pousser le propriétaire à accepter l'argent afin de régler le problème. Surnommé Cash, le détective accepte la mission avant de se rendre compte qu'il s'agit de se rendre dans le nord du pays, dans une région instable où groupes terroristes, police et armées diverses se livrent à une lutte sans merci. Mais bon, il pense à l'argent qu'il devrait récolter et peut-être à la possibilité qu'il a de renouer avec son ex. Toujours est-il que le déplacement sera beaucoup plus dangereux et long que prévu. Au début, donc, nous sommes dans une ambiance polar classique, avec des enjeux un peu différents, presque humoristiques car il faut obliger l'assuré à prendre l'argent alors que normalement c'est l'inverse ! Puis, le récit continue du côté noir car le détective va découvrir dans cette province lointaine des éléments complexes qui ressortent bien de genre - une police corrompue et qui ne supporte pas que les "gars de la ville" viennent les embêter, des inquiètudes car le bâtiment qui a explosé pourrait avoir été détruit par un drone américain, par l'armée pakistanaise, voire par des terroristes. À moins que la violence de l'explosion s'explique par la présence d'une cache d'armes... Enfin, le récit bascule dans un travail autre : Cash est kidnappé par des terroristes qui vont s'occuper de lui, entre violence et gentillesse. Il va passer plusieurs mois avec eux, travailler dans des villages qu'ils contrôlent, avant de retrouver la "civilisation".
Tout l'itinéraire du narrateur permet d'évoquer la vie au Pakistan entre violences aveugles, forces de police ou militaires aussi dangereuses que les groupes d'islamistes, Avec une histoire d'amour étrange et prenante entre Cash et l'une des habitantes d'un village, Nuit sans lune au Waziristan est une vue en coupe de la société et de la situation au Pakistan. De nombreux détails aident à comprendre les mentalités et les réactions (refuser l'assurance car c'est contraire à la religion, comment tomber amoureux d'une femme voilée, les rapports à l'hygiène, les manières de composer avec une société inégalitaire où les alliances familiales et amicales sont plus importantes que les compétences techniques...). Le roman de S. Mausoof dresse ainsi, derrière une enquête, puis des aventures, tout une description intelligente du Pakistan.

Citation

Allez Cash. Tu sais bien que les théories conspirationnistes finissent toujours par se confirmer au Pakistan.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 01 novembre 2017
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