Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
344 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-37722-015-1
Coll. "Polar"
Flower power fanée
C'est en 1966 que Colette est arrivée au ranch des Pinkerman pour se remettre de la mort de son frère. René, le père de Colette, avait connu John Pinkerman en 1944, en France, après le débarquement de Normandie. René était dans la résistance, John était GI. Quand vingt et quelques années plus tard (deux donc, pour ceux qui ne savent pas compter), il vit que sa fille dérivait vers la dépression, il demanda à l'ex-libérateur de bien vouloir l'accueillir chez lui dans le Nevada, histoire que le dépaysement lui face du bien. C'est là-bas, après quelques mois de grands espaces, au moment même où elle se demandait s'il ne serait pas temps qu'elle retourne en France, que Colette rencontra le grand amour de sa vie : Robert. C'était l'année 1967, l'année du Flower Power, des Doors, de San Francisco et d'une jeunesse qui n'aspirait qu'à faire l'amour quand on voulait lui faire faire la guerre, au Vietnam de préférence. Robert était un marginal, il avait une vie atypique (je ne vous dis pas ce qu'il faisait mais quand vous le saurez...), et il était surtout incroyablement séduisant. Colette ne pouvait résister et c'est avec lui qu'elle va traverser l'existence et les époques. En 2017, Colette est pensionnaire dans une maison de retraite. Elle s'endort en pensant à Robert, à leur amour, à leurs folles années. Dans la nuit, une autre pensionnaire, Odette, avance dans les couloirs avec son déambulateur et un "guide". La vieille femme finit par dévaler des escaliers et par trouver la mort au rez-de-chaussée. Accident ? Suicide ? Meurtre ? Céleste Alvarez est chargée de l'enquête. Une enquête qui va l'emmener en dehors des frontières de l'Hexagone, mais aussi au dehors des frontières du temps. Bye bye 2017. Et si la solution se trouvait de l'autre côté de l'Atlantique, à une autre époque, au temps d'une autre jeunesse, d'une autre vie ?
Peace and Death est avant tout pour moi l'histoire d'une passion, d'un amour exclusif, celui de Colette et Robert dit Rob. La vieillesse est un naufrage, et elle l'est d'autant plus quand on a eu une vie haletante, trépidante, surprenante, risquée, romanesque. Il est évident que Rob représente l'homme que les petites filles rêvent de rencontrer quand elles auront l'âge de faire des bêtises. Rêve devenu réalité qui redevient rêve à l'heure de la vieillesse. Le personnage de Colette est à la fois mystérieux, inquiétant (parce qu'elle occupe la chambre voisine de la morte), mais aussi touchante parce que seuls ses souvenirs la maintiennent en vie finalement. Elle survit pour repartir encore et encore dans le passé. Dans cette vie incroyable qu'elle a vécu au côté de Robert. Alors, attention, je ne dis pas que l'enquête est accessoire. Elle existe, elle est là, elle est prenante. Je suis, de toute façon, quelqu'un de particulièrement sensible au temps qui passe et c'est donc peut être tout simplement moi qui fus plus réceptif aux sentiments nostalgiques et mélancoliques d'une vie révolue que par le reste du roman qui reste un très bon polar, assez surprenant et envoûtant (bien qu'il y ait quelques longueurs qui plombent un peu, mais je crois que c'est tout simplement parce que Patrick Cargnelutti prenait beaucoup de plaisir à nous raconter cette histoire et qu'il n'en n'avait jamais assez). Gros plan sur le personnage de la flic, qui sort un peu de l'ordinaire, puisqu'elle n'est pas spécialement ni canon, ni Superwoman. Elle est célibataire, normale, ordinaire, aime le dessin et a un job. Alors le fait. Cela dit je crois que c'était l'héroïne idéale pour ce roman dont l'histoire reste la vedette principale.
Citation
Leurs mains se touchent, ils se rassurent d'un baiser dans le noir, épuisés, stressés. Cela ne dure qu'une petite minute, une éternité d'angoisse avant que leur réduit ne s'ouvre et que la lumière des réverbères pénètre enfin. Elle devine que Rob se prépare au combat, bien décidé à ne pas se laisser arrêter si près du but...