Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
240 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-4078-1
Coll. "Thriller"
Battements d'ailes d'une libellule
Il n'y a pas forcément besoin de grandes catastrophes, ni de grandes machineries littéraires, pour décrire le monde moderne. Quelques éléments emblématiques, quelques silhouettes symboliques suffisent amplement à planter le décor et à le faire vivre sous nos yeux. Et de toute façon, dans notre monde moderne, beaucoup de choses sont souvent affaire de symbole, frappant plus que la réalité. Dans cette nouvelle histoire du romancier Pascal Dessaint par exemple. D'un côté, un riche affairiste a construit sa villa au milieu des dunes au mépris des normes et a rasé une dune pour avoir une meilleur vue sur la mer. Il appelle des amis pour l'aider car il a trouvé un clandestin qu'il a enfermé dans sa cave, et il voudrait que ce dernier soit tué. Ses deux amis ne savent alors pas comment réagir. En parallèle, à proximité de cette maison, des écologistes tentent de sauver la disparition d'une zone sensible qui doit être transformé en centre d'enfouissement. Certains ont trouvé une petite bestiole, très symbolique elle aussi, une libellule qui devrait être protégée. Un homme veut régler le problème en tuant justement le constructeur de cette maison anti-écologique juste au bord de la zone... et son neveu qui fait partie des experts prêts à se laisser corrompre pour que l'entreprise obtienne son permis de construire, décide de l'aider. Mais la nature a peut-être elle aussi des projets plus réels que symboliques pour ramener la situation à de plus saines considérations.
Pascal Dessaint œuvre patiemment, à coups de romans maitrisés, là où la part noire est importante. Mais sa noirceur, principalement celle de gens ordinaires qui, à l'instar des amis du financier ou de l'expert, nait des gens normaux qui ont le choix de laisser pourrir la situation, d'en profiter sans trop y toucher, de ne pas "mettre les mains dans le cambouis", de vivre des clandestins, sans doute, mais sans en faire des esclaves qu'ils conservent dans une cage et veulent tuer s'ils en ont envie. Le roman reste noir jusqu'à sa conclusion. Finalement, le lecteur se demandera si les protagonistes de l'histoire ont vraiment tiré les conclusions de leur aventure. Mais tous ces personnages sont dessinés avec soin, présentés dans leur vie et leurs contradictions (le traitement d'un ami du financier, à la manière de Jean-Patrick Manchette, dans ses liens avec les marques et les modes du pouvoir). Les petites gens luttent comme ils peuvent au sein d'un univers qui court à sa perte, dans la plus grande euphorie. Et c'est ici raconté avec une volonté stylistique d'en faire une allégorie, une ode à la nature, un rappel de notre petitesse face à la démesure des forces naturelles, avec une puissance d'évocation qui renforce, de livres en livres, la qualité des ouvrages de Pascal Dessaint.
Citation
Il y a eu un blanc. c'était la première que je lui disais une chose pareille. Dites à une femme que vous l'aimez et ça règle beaucoup de vos problèmes.