Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du danois par Hélène Guillemard
Paris : Le Cherche midi, mai 2017
478 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7491-5394-0
Coll. "Thriller"
Trous de mémoire et de personnalité
En garde à vue, une certaine Helene Söderberg avoue le meurtre de Louise Andersen, épouse de Joachim, auteur à succès désormais en panne d'inspiration, et patronne de café à Christiansø, îlot minuscule mais très touristique au large de Bornholm, sur lequel il n'y pas de police. Puis retour en arrière sur la visite d'un inconnu qui déclare s'appeler Edmund Söderberg et prétend que Louise est en fait... sa femme, invoquant à l'appui de cela une photo prise dans l'intimité qui lui ressemble fort, en effet. Joachim se rend alors compte qu'il ne sait rien du passé de son épouse et se demande si elle n'aurait pas usurpé l'identité d'une autre personne. Perturbée, Louise est hospitalisée en psychiatrie pour schizophrénie en rapport avec un traumatisme crânien (peut-être dû à une chute de cheval). En fouillant dans ses affaires, Joachim trouve un numéro de téléphone griffonné sur un sous-bock. Elle est transférée à Copenhague, où l'on diagnostique une amnésie rétrograde. L'analyse ADN, elle, confirme qu'elle est bien Helene Söderberg et mère de deux enfants, Christian et Sophie. Elle décide alors de reprendre son ancienne vie et ses habitudes, y compris l'équitation. Pendant que Helene part à la recherche de son propre passé, Joachim enquête sur Louise à partir du numéro de téléphone. Mal leur en prend à tous les deux. Car, au fil d'une soixantaine de chapitres alternés, cela les entraîne dans un tourbillon de turpitudes et de complots. Et ce n'est pas simple, l'enquête est longue et complexe, elle nous fait participer à une plongée sous-marine et explorer jusqu'au milieu de l'art contemporain le plus pervers, et c'est peu dire. Les aventures se succèdent, y compris les moins plausibles, les plus mélodramatiques et les plus sadiques, en un carrousel étourdissant. Le tout culminant bien entendu dans l'obligatoire scène finale "à couper le souffle", et un chapitre explicatif des plus tordus, avant le chœur céleste du happy end dans la plus pure tradition hollywoodienne. Il aurait été plus intéressant que l'auteur (enfin, le duo d'auteurs puisqu'il s'agit d'un pseudonyme) s'étende sur l'homme de Tollund (victime expiatoire de l'époque de la préhistoire) ou sur Steen Steensen Blicher (auteur d'une œuvre presque inconnue en France : Le Pasteur de Vejlbye), tous deux cités seulement en passant, le second à propos de la confiance à faire au narrateur – vaste sujet, en effet. Mais cela aurait sûrement été moins vendeur.
Le thème de la schizophrénie et de l'amnésie est fatalement porteur, dans le cadre du roman policier. Mais encore faut-il le manier avec délicatesse et se garder des extrémités trop tentantes. Ici, l'auteur l'a manifestement laissé l'emporter, elle, au lieu que ce soit l'inverse. Mais ce livre est un premier roman. Comme elle ne manque pas de talent narratif, ni d'ambition, on peut espérer qu'elle fera preuve de plus de maturité et de sobriété, à l'avenir.
Citation
À présent, elle a compris. La personne qu'elle attendait, c'était elle.