Contenu
Auguste l'aventurier
Grand format
Inédit
Tout public
250 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-918647-96-6
Coll. "Goater noir"
Mémoires d'un vieux con
1976. La vie est dure pour Auguste Tréguier, dit Le Léon. Il peine à écrire l'un de ses "Antigangs", sa série alimentaire, depuis que le polar et l'argomuche des vrais de vrais se voient peu à peu renvoyés dans les poubelles de l'histoire. Sentant la vieillesse l'affliger de mieux en mieux, Auguste fume, ronchonne et souffre de la canicule avec pour seul rayon de soleil sa fille Margot... Non loin de là, on découvre le corps du général Guyot de Kernavoelen dans son château du Hénan. Une mort qui pourrait bien ne pas être naturelle, puisque le défunt était auparavant en pleine santé... En même temps, Suzanne Le Bris, journaliste locale, s'intéresse de près à l'écrivain. De trop près, peut-être... Tout ce trèpe trouverait-il son origine en 1944, lorsqu'une autre Suzanne débarque de sa Bretagne pour chercher sa sœur Louise qu'elle soupçonne d'être détenue par le mitan parisien ? Et qu'elle espère obtenir l'aide d'un compatriote, un certain gargotier du nom de Le Léon ?...
Il est toujours sympathique de voir un auteur d'aujourd'hui s'intéresser à une époque révolue, celle des "Série Noire" entretenant ce qui était encore un "mauvais genre", celui des Albert Simonin et des José Giovanni, du rififi et de l'argot des vrais de vrais (bien souvent inventé !). Toute une époque vue de façon transparente par les yeux d'un Le Breton en vieux con magnifique tempêtant contre l'évolution des mœurs et le temps qui passe, d'autant plus touchant que Marek Corbel ne cherche pas l'hagiographie : on a vraiment l'impression d'être dans la tête de ce sexagénaire fatigué avec son langage parfaitement recréé (loin du style pseudo-dur-à-cuire insupportable de certains) et ses zones d'ombre. L'auteur se permet même une structure presque expérimentale, passant d'une époque à l'autre et mélangeant première, troisième et même deuxième personne. Du coup, l'intrigue proprement dite est à la fois relativement simple et embrouillée, puisqu'on se doute vite où elle va déboucher, mais la vérité est ailleurs, dans ce portrait d'un polareux d'antan humain, trop humain, avec même une petite réflexion subtile sur l'évolution du genre. Une réussite de plus pour Goater, une de nos maisons d'édition dites "petites", mais que l'on apprécie !
Citation
Les familiers du mitan, ça effrayait son bourgeois et sa sauterelle, fut un temps. L'impression des séries noires tournait à plein, à l'époque. Aujourd'hui, les verbeux du polar n'en pincent que pour les chevelus ou ces pedzouilles de gauchistes qui se sont mis au genre.