Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
386 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-272747-4
Coll. "Série noire"
Nouveau satori à Paris
Pendant longtemps, on a vécu avec l'idée que le futur du polar pouvait se trouver du côté de Maurice G. Dantec. En utilisant certains éléments qui pourraient rappeler celui-ci, Sébastien Raizer va nous ouvrir une autre façon aussi forte et originale de décrypter le présent et de voir les choses cachées derrière les choses, depuis la fondation du monde. Tout d'abord avec des éléments musicaux quasiment de même nature (ce que des vieillards qualifieraient de bruits !), en s'inspirant sans doute de loin des mânes de Philip K Dick et de William Burroughs, afin de traquer la réalité perdue au milieu des illusions (ce n'est pas un hasard si Sébastien Raizer parodie un titre d'Emmanuel Carrère, biographie de Philip K. Dick pour un faire un tee-shirt arboré par l'un des personnages), Minuit à contre-jour achève "L'Alignement des équinoxes", sa trilogie, en ouvrant d'autres perspectives que l'utopisme technologique de son illustre confrère. Mais à côté de son œuvre policière qui vient de gagner des galons pour orner au moins un bâton de maréchal, Sébastien Raizer a vécu ou vit régulièrement au Japon, et il nous a offert récemment un Petit éloge du Zen, qui explicite bien des choses.
Dans ce troisième volet de "L'Alignement des équinoxes", il y a au c&oelig:ur une neurotoxine qui peut transformer l'esprit humain et lui permettre de travailler sur l'esprit et la matière, de transformer l'illusion qu'est le monde pour la détourner à son profit. L'un des personnages est d'ailleurs sous overdose. Du coup, il est dans une sorte de rêve intérieur où il vit comme une série de songes zen, de koan secrets, qui devront lui permettre de regagner la réalité, la vraie, pas forcément celle que nous vivons, mais une autre supérieure et plus vraie encore. En parallèle, nous suivons Silver qui, elle, est déjà passée à travers ce filtre et mène une recherche pour comprendre ce qui se cache derrière l'enquête labyrinthique qui se déroule, tout en conservant avec son double enfant, dans une série de scènes où, elle aussi, elle tente de se frayer un chemin entre le vrai monde et les illusions qui nous assaillent.
Minuit à contre-jour raconte aussi comment l'auteur nous débarrasse de nos propres illusions, tout d'abord par ce que ce dernier volet transforme l'histoire et lui fait prendre un tour inattendu, complètement différent de ce que nous aurions pu penser, prouvant que derrière un complot, il y en a peut-être un autre, encore plus complexe, et que les théories complotistes qui fleurissent pour dénoncer les gouvernements et les pouvoirs ne sont sans doute que des écrans de fumée générés par ces propres États pour cacher des turpitudes encore plus effroyables, comme les illusions sont vaincus dans le zen par le dévoilement continu et peut-être inépuisable des tissus qui cachent la véritable nature de la statue qu'ils voilent. D'autre part, parce que ce roman est à la fois un récit construit, sur l'ensemble de la trilogie de manière implacable et logique et, en même temps, un long koan (si le chroniqueur que je suis peut se permettre de définir ainsi ce qui habituellement est une "devinette" constituée de quelques mots) qui parvient également à transformer le lecteur et à obtenir un satori. Malgré ces "détails", le roman est une machine à lire efficace et prenante, un thriller extrêmement lisible (d'où la comparaison avec les machines de Maurice G. Dantec, parfois complexes, et emplies de salmigondis difficilement décryptages par un esprit normal) et palpitant qui se clôt avec autant de force qu'il a commencé, pour offrir au lecteur des heures de lecture intenses et intelligentes.
Citation
Luc Hackman, surnommé wolf, ancien commando déphasé, lieutenant à la brigade criminelle, membre du gang paradoxal dirigé par le commissaire Lacroix. Un animal de combat au cœur et au crâne débordant de napalm. Désormais hospitalisé en soins intensifs.